Fiscalité: la droite injuste et incompétente
L'examen du projet de loi de finances pour 2010 aurait dû occuper l'espace médiatique cette semaine. Certains mythes fiscaux s'effondrent: les prévisions de retour à l'équilibre budgétaire (dans 5 ou 10 ans !) reposent sur une hypothèse de croissance économique que la France a rarement connu depuis 10 ans. Les efforts de fiscalité verte se chiffrent à moins de 0,1% des recettes de l'Etat. La taxe carbone ne sera pas compensée à l'euro près aux ménages concernés, puisque Bercy a choisi un remboursement forfaitaire indépendant des consommations d'énergies fossiles réelles de chacun ET du revenu des ménages. A étudier le projet de budget et les rapports d'analyse publiés ces derniers jours, on mesure également combien Nicolas Sarkozy a creusé les déficits par de multiples exonérations fiscales inefficaces, nocives et injustes : aux 6 milliards d'euros du paquet fiscal de 2007, de nouvelles exonérations seront lourdes à digérer l'an prochain, comme la réduction de TVA pour la restauration (3 milliards d'euros), le crédit d'impôt développement durable pour les travaux d'isolation (2,6 milliards d'euros), ou le remboursement à 75% de la taxe carbone aux agriculteurs et aux pêcheurs (126 millions d'euros).
Eric Woerth et Christine Lagarde s'abritent derrière deux diversions : la lutte contre la fraude fiscale, qui se limite à une liste minable de 3000 évadés pour 3 milliards d'euros; et le plafonnement partiel des niches fiscales. Or les rares plafonnements et/ou suppressions adoptés ont un impact à peine visible dans les comptes 2010 : 22 petits millions d'euros pour le plafonnement global des réductions d'impôt à 25 000 euros par ménage plus 10% du revenu imposable; 11 millions d'euros pour la suppression du dispositif Malraux pour les dépenses de rénovation; et 110 millions d'euros en 2010 pour l'injuste plafonnement de la demi-part supplémentaire au titre des parents isolés qui affectera 4,4 millions de familles.
En Lorraine, Sarkozy se cache
Jeudi, Sarkozy est allé à Hambach, en Moselle. Son discours ne prend plus: "Moi j'aime bien les usines. Moi je veux rencontrer des vraies gens, aller dans les usines, expliquer ce qu'on est en train de faire". Des vraies gens ? A chaque déplacement, Sarkozy ne rencontre qu'une assistance triée, filtrée, choisie. Pire, on a appris cette semaine que l'Elysée est capable d'inventer des congrès de PME pour que le Monarque puisse déclamer sa bonne parole : lundi dernier, Sarkozy prononçait un discours "à l’occasion du forum des chefs d'entreprises organisé au Palais des Congrès de Paris sur le thème "agir pour le développement des entreprises", comme on pouvait le lire dans l'agenda officiel du président. ... Mais ce "Forum" n'était qu'une pure invention élyséenne, organisée pour 80 000 euros (dont la moitié pour réserver le Palais des Congrès à Paris).
Frédéric Mitterrand est encore ministre.
Un autre homme, fidèle de Sarkozy, pourrait prendre le relais médiatique: Eric Besson doit affronter son passé de mari volage. Son ancienne épouse confie 30 années de tromperies.
En quelques jours, la stratégie d'ouverture de Nicolas Sarkozy a explosé en vol. Comment réagira l'électorat, à droite comme à gauche, quand viendra le moment du vote ? Dans les bureaux des ministères de Sarkofrance, la débauche et l'écart sont donc "normaux". Autant être prévenu. Sarkozy défend ses ministres. A-t-il le choix ? Oui, mais il choisit la mauvaise voie. La morale chez lui n'obéit pas à la même éthique que chez le commun des électeurs. Lui qui donne des leçons à tout va fait preuve d'une complaisance hors normes quand il s'agit des siens, de son clan, de ses fidèles. Sarkozy est ce candidat devenu président qui fustigeait les fraudeurs à la Sécu et instaurait les peines planchers pour les délinquants fussent-ils petits.
A Paris, les affaires nauséabondes
Le procès de l'affaire Clearstream suit son cours. Les proches du chef de l'Etat encouragent la presse à souligner combien la défense de Dominique de Villepin est fragile. Le témoignage de l'espion Rondot aurait porté atteinte à la crédibilité de l'ancien premier ministre. L'opinion s'en fiche. On sait bien que Villepin savait que ces listings trafiqués pouvaient faire du mal à Sarkozy. Mais on sait désormais que Sarkozy a instrumentalisé cette affaire: il a surjoué son rôle de victime. Ses proches fréquentaient assidument l'improbable Imad Lahoud, auteur de la tricherie. Au passage, Jean-Pierre Raffarin a pris un coup. Premier ministre au moment des faits, Raffarin a expliqué que personne ne l'avait tenu au courant. En l'espace d'un témoignage, Raffarin est devenu le benêt de l'affaire.
Le procès n'a pu occulter de nouvelles révélations sur les soupçons de corruption lors des ventes d'armement à Taïwan et au Pakistan. L'hebdomadaire Bakchich a publié quelques extraits de notes, contestées par le Police Judiciaire, de l'ancien directeur financier des Constructions Navales. Et l'on apprend que même Claude Guéant s'est inquiété, l'an dernier, de ces fameux cahiers qui incriminent une bonne frange du personnel politique, dont Edouard Balladur.
Dans les Hauts-de-Seine, Sarkozy place son fils
La prochaine nomination de Jean Sarkozy à la tête de l'Etablissement Public d'Aménagement de la Défense fut une nouvelle trop peu commentée. Jean Sarkozy a 23 ans. Son seul diplôme est son patronyme. Sa seule expérience, le piston de son père. Elu cantonal à Neuilly-sur-Seine, il a été désigné à la présidence du groupe UMP au Conseil général des Hauts de Seine, en attendant celle du département lui-même (en 2011). A l'EPAD, Patrick Devedjian est atteint par la limite d'âge. Et le vice-président de l'établissement vient "miraculeusement" de se désister de la succession. La voie est libre pour Jean Sarkozy. La Défense est l'une des zones d'affaires les plus riches d'Ile de France, dont l'EPAD gère l'aménagement. D'immenses et juteux contrats immobiliers y sont et y seront conclus. En 2008, l'EPAD a dégagé 350 millions d'euros de bénéfices, pour un chiffre d'affaires d'un milliard, grâce à la commercialisation de bureaux. Dans quelques mois, l'EPAD va élargir son périmètre à la réserve foncière voisine de Nanterre. Sarkozy père vient de lancer l'aménagement du "Grand Paris", un monstre territorial digne héritier du jacobinisme centralisateur, où le quartier de la Défense tient une place stratégique centrale. Interrogé sur France Inter, le Prince Jean s'est justifié: "Je demande à être jugé non pas sur l'état civil mais sur les actes et sur les résultats". Justement.
Que le Monarque fasse preuve d'un tel népotisme ne choque plus grand monde. La "République irréprochable", promesse d'un jour d'un candidat, est oubliée, bafouée, humiliée.
Vendredi, un porte-parole de l'UMP a eu l'indécence de critiquer la commission Nobel d'avoir préférer attribuer son prix de la Paix 2009 à Barack Obama plutôt qu'à Nicolas Sarkozy. Elle est comme ça, la Sarkofrance. Les zélotes du Monarque ne réalisent plus la portée de leur propos. Nicolas 1er, Sarkozy-le-Grand, est la seule lumière qui compte.
Ils devraient lire l'ouvrage de Max Gallo, deux tomes sur la Révolution Française.
A la fin, le Monarque en perdit la tête.