Copé, un député qui ne compte pas...
Une imagination débordante ?
Après « Promis, j’arrête la langue de bois », le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, et candidat à l’élection présidentielle en 2017 (1) vient de publier « Un député, ça compte énormément ». La fine référence au film d’Yves Robert (2) ne me laisse pas indifférent. Quelqu’un qui apprécie les œuvres où se produit Jean Rochefort, et dans lesquelles Anny Duperey apparaît en robe rouge sur une bouche d’aération, ne saurait être taxé de mauvais goût. Mais c’est surtout l’humour du maire de Meaux qu’il faut ici saluer.
Voyons le contexte structurel. Les parlementaires évoluent dans un système où plus de 60% des lois viennent de Bruxelles. Leur travail législatif consiste donc en majeure partie à transposer en droit français des normes fabriquées ailleurs. Ensuite, le quinquennat et leur élection désormais systématique dans la foulée de l’élection présidentielle font des députés des godillots puissance 10. On ne peut passer sous silence la conjoncture : mercredi, sera à nouveau soumise au vote la loi dite Hadopi pourtant rejetée il y a une dizaine de jours.
L’avis des députés, tout le monde s’en tape, dans la France d’en bas comme dans celle d’en haut (3). Ainsi, donner un tel titre à son ouvrage dans le contexte actuel ne peut être le fruit que d’un trait d’humour, d’un second degré de haute tenue. Et il est vrai qu’on a affaire ici à un dangereux récidiviste tant sa promesse d’arrêter la langue de bois fait aujourd’hui sourire tout les présentateurs de débat politique qui l’accueillent. Mettre ainsi les rieurs de son côté ; rire avec eux de bon cœur : voilà de la communication de haut vol. Le Président de la République devrait encourager un tel élève plutôt que de le vouer aux gémonies à longueur de page 2 du Canard Enchaîné.
Cependant, Jean-François Copé occupe tellement de missions (4) qu’il aura du mal de faire mieux la prochaine fois. C’est pourquoi, dans un esprit bénévole et en espérant l’aide de généreux lecteurs, j’ai décidé de l’aider à trouver le titre de son prochain livre. En espérant qu’il saura se souvenir en 2017 de la pierre ainsi posée à l’édifice.
Demain, c’est décidé, je refuse d’aller à la télé
Un sénateur, ça compte énormément
Juré, j’arrête de cumuler
Un ministre de Sarkozy, ça compte énormément
Avec les députés qui comptent énormément, j’arrête la langue de bois
Promis, j’arrête la langue de pute avec la langue qui compte énormément
Etc...
Antidote | Vendredi 01 Mai 2009 à 07:00
MARIANNE 2