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Blog de la section PS Anzin

Une baisse en trompe-l'oeil

28 Juillet 2009 , Rédigé par Pressoir.josé Publié dans #Information

Une baisse en trompe-l'oeil

Face aux destructions d'emplois et menaces de licenciements, le gouvernement a engagé depuis plusieurs mois des mesures pour l'emploi, comme le soutien renforcé au chômage partiel © AFP



Le chômage a enregistré une baisse inattendue en France en juin , pour la première fois depuis un an, mais personne, y compris au gouvernement, n'attend d'amélioration durable sur ce front avant plusieurs trimestres. Le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A a diminué de 0,7 % au mois de juin par rapport au mois précédent (- 18.600 personnes) à 2.524.500, avec une amélioration notable pour le chômage des jeunes, qui a baissé de 3,9 %, selon les données publiées lundi soir par Pôle emploi et Bercy.
La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, y a vu un "signe encourageant", tout en prévenant que la situation de l'emploi devrait continuer à se dégrader. "Même une reprise graduelle de l'activité ne devrait pas se traduire par un repli immédiat du chômage. La situation du marché du travail devrait donc rester difficile au cours des prochains mois", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Si l'on tient compte des demandeurs d'emploi exerçant une activité réduite (catégories B et C), le chômage a d'ailleurs continué d'augmenter en juin, de 0,3 %, pour atteindre 3,63 millions de personnes. Par rapport à juin 2008, le nombre de chômeurs en catégorie A, c'est-à-dire sans activité et en recherche active d'emploi, affiche une hausse de 25,7 % (+ 18,5 % pour les catégories A, B et C), un chiffre qui traduit la dureté de la crise économique. La hausse du nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A avait culminé à 100.400 en janvier, un record, avant de ralentir ces derniers mois, jusqu'à 36.400 en mai.

Découragement

"Le plus fort de l'intensité de la crise est derrière nous, mais aujourd'hui, ce chiffre-là ne nous permet pas de dire que le processus est inversé", tempère Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). La statistique elle-même confirme que la baisse de juin n'est pas due à une reprise de l'emploi, mais, pour une grande part, à une augmentation très forte - de 33.000 - des personnes qui ne se sont pas réinscrites à Pôle emploi. "Si on corrige de cet effet-là, on n'a plus une baisse du chômage de 18.000, mais une hausse de 15.000. Donc, ce n'est pas l'amélioration du marché du travail qui permet aujourd'hui de dire que le chômage baisse", relève Mathieu Plane.

Ces 33.000 chômeurs qui ne sont plus décomptés par Pôle emploi, faute d'avoir mis leur dossier à jour, sont, dans leur grande majorité, découragés, sans parler des problèmes de saturation du service public de l'emploi. "C'est typique des périodes d'augmentation du chômage : quand on a beaucoup de chômage et un grand pessimisme ambiant, les gens désespèrent de trouver du travail, donc pointent moins régulièrement à Pôle emploi", rappelle Dominique Barbet, économiste à BNP Paribas. Mais une fois leur dossier actualisé, beaucoup reviennent dans les statistiques, ce qui devrait se vérifier dans les prochains mois.

Jeunes précaires

La baisse du chômage des jeunes est aussi à relativiser. Les moins de 25 ans, plus concernés par les contrats de travail précaires, ont été les premières victimes de la crise. Pour la même raison, ils bénéficient de la timide éclaircie actuelle, car les entreprises restent prudentes et n'embauchent pas en contrat à durée indéterminée. "Il s'agit de CDD, de missions courtes. Mais si, comme nous le craignons, il n'y a pas de reprise durable de l'activité, ces gens-là vont retourner dans le chômage dans quelques mois", prévient Mathieu Plane.

Face aux destructions d'emplois et menaces de licenciements, le gouvernement a engagé depuis plusieurs mois des mesures pour l'emploi, comme le soutien renforcé au chômage partiel et l'extension des contrats de transition professionnelle pour les salariés licenciés économiques dans les bassins d'emplois les plus touchés par la crise. À cela s'ajoute un plan d'urgence pour l'emploi des jeunes lancé le 1er juin et qui prévoit des primes à l'embauche et le recrutement de 320.000 apprentis.

L'enquête trimestrielle dans l'industrie publiée mardi par l'Insee montre que les réductions d'effectifs se sont accentuées dans ce secteur au deuxième trimestre et devraient se poursuivre dans les trois prochains mois, à un rythme moins élevé toutefois. Le taux de chômage, publié sur une base trimestrielle par l'Insee, a bondi de 1,1 point sur les trois premiers mois de l'année, à 8,7 %, en France métropolitaine. L'Insee s'attend à le voir grimper à 10,1 % fin 2009 et prévoit que seul le secteur non marchand (éducation, santé, social) sera créateur d'emplois cette année.

LE POINT
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