Valenciennes / Place d'Armes : la dangereuse traversée

Certains piétons cherchent en vain un passage protégé tandis que d'autres s'engagent sans prendre de précautions.

Piétons, voitures : qui a la priorité ? Deux accidents récents relancent le problème de la traversée de la voie de circulation par les piétons et de la matérialisation des passages protégés.

Que celui qui ne s'est jamais posé la question de savoir où traverser la voie de circulation située sur la place d'Armes se lève !

Deux accidents récents, survenus l'un samedi 8 août, l'autre le 18 juillet dernier, relancent le problème de la cohabitation entre piétons et véhicules sur la chaussée de la place d'Armes. Plus précisément, ils mettent en lumière  l'ignorance portant sur la priorité qu'ont les piétons sur les automobilistes.

La voie de circulation de la place d'Armes est située en zone 30 et à ce titre, les piétons sont prioritaires. «Concrètement, ceux-ci ont le droit de traverser sur toute la longueur de la chaussée parallèle à l'Hôtel de ville et délimitée par des potelets noirs», rappelle-t-on à la brigade accident du commissariat de police de Valenciennes.

Mais cela, peu d'automobilistes le savent. Pour ne rien simplifier, de leur côté, souligne Philippe Adam, chef de la police municipale, «certains piétons, qui se savent prioritaires, traversent la chaussée sans prendre les précautions d'usage».

Passages protégés quasi invisibles  

Par ailleurs, la matérialisation par des clous (quasi invisible) de deux passages protégés à chaque extrémité de la voie de circulation rajoute à la confusion. A l'origine, ces passages cloutés ont été conçus pour les personnes vulnérables (personnes malvoyantes équipées de chiens guides, personnes à mobilité réduite, enfants) afin qu'elles puissent traverser en toute sécurité. Mais dans les faits, ces passages protégés peuvent laisser penser aux automobilistes dont l'examen au Code de la route date un peu, que les piétons n'ont pas la priorité sur le reste de la chaussée. 

Alors, faut-il les supprimer purement et simplement ou, au contraire, renforcer leur matérialisation au sol par les traditionnelles bandes blanches ? 

Le problème n'est pas simple. 

De l'avis des Valenciennois et des forces de l'ordre interrogés sur le sujet, une campagne de sensibilisation à la priorité des piétons en zone 30, presque totalement ignorée par les conducteurs, serait la bienvenue. Une autre solution pourrait être d'installer, à l'entrée et à la sortie de la place d'Armes, des panneaux de signalisation complémentaires à ceux de la zone 30 rappelant que le piéton est prioritaire. 

Enfin, une troisième solution, plus radicale, pourrait être d'instaurer à cet endroit une «zone de rencontre», à mi-chemin entre la zone 30 et l'aire piétonne. Dans ces «zones de rencontre», nées à l'été 2008 et dont la première a été mise en place à Metz, la vitesse est limitée à 20 km/h et la priorité est donnée aux piétons qui n'ont pas obligation de circuler sur les trottoirs. Aucun accident n'a été relevé à ce jour. C'est la solution qui est actuellement envisagée par la municipalité lilloise pour sa Grand-Place, à l'horizon 2010.

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Une blessée grave samedi 8 août

Samedi 8 août vers 11h30, un scooter circulant sur la place d'Armes, en direction de la rue de la Paix, s'est arrêté à hauteur de la brasserie Le Bureau pour laisser traverser des piétons. Ce faisant, il a été percuté à l'arrière par une Citroën C2 qui le suivait. Dans le choc, la passagère du scooter, une femme de 30 ans domiciliée à Bruay-sur-l'Escaut, a percuté le pare-brise de la Citroën. Prise en charge par les secours, elle a été évacuée, blessée, vers le Centre hospitalier de Beauvais. Ses jours ne sont pas en danger. La conductrice de la Citroën C2, une Valenciennoise de 60 ans, est sortie indemne de la collision.

Le 18 juillet dernier, une personne handicapée traversant la même chaussée est tombée de son fauteuil roulant après avoir effectué une manoeuvre d'évitement, de peur d'être percutée par un véhicule. Là encore, la scène avait choqué bon nombre de passants.

Il y a un an et demi, une femme et son enfant en bas âge étaient fauchés par une voiture qui en doublait une autre.

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Pour en savoir plus

Faut-il matérialiser les passages piétons en zone 30 ? 

La question ne se pose pas qu'à Valenciennes. Pour preuve, le Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme (CERTU) dépendant du ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durable s'est penché sur la question, sur son site internet, sans toutefois apporter de réponse précise. Voici un extrait des recommandations :

En préambule, le décret n°2008-754 du 30 juillet 2008 a introduit dans le Code de la route, le principe de prudence à l'égard des usagers les plus vulnérables. L'article R412-6 précise désormais que le conducteur «doit, à tout moment, adopter un comportement prudent et respectueux envers les autres usagers des voies ouvertes à la circulation. Il doit notamment faire preuve d'une prudence accrue à l'égard des usagers les plus vulnérables». Ainsi, même s'il n'y a pas de passages piétons, l'automobiliste doit anticiper d'éventuelles traversées de piétons.

Rappelons également que réglementairement, il n'est jamais obligatoire de marquer des passages pour piétons. Mais, lorsqu'ils existent, les piétons sont obligés en vertu du Code de la route de les utiliser pour traverser dès lors qu'ils se situent à moins de 50 m de part et d'autre.

S'agissant des zones 30, l'espace demeure conçu de façon traditionnelle avec une chaussée pour les usagers motorisés et les cyclistes, des trottoirs pour les piétons. La réglementation relative aux piétons est la même que pour la voirie à 50 km/h. Ils n'ont pas de priorité particulière et ne sont pas autorisés à circuler sur toute la largeur de la chaussée. La règle est donc la priorité aux piétons régulièrement engagés.

Toutefois, du fait de la faiblesse des vitesses pratiquées par les véhicules motorisés, les piétons peuvent traverser plus facilement dans de bonnes conditions de sécurité et ce, en tout point de la chaussée. Les aménagements doivent donc tendre à faciliter la traversée des piétons tout au long de la chaussée en limitant le recours au passage piéton lorsque cela est possible.

A noter toutefois que l'absence de passages pour piétons empêche les chiens qui accompagnent les personnes aveugles de se référer à ce signal pour identifier les lieux de traversée. C'est un fait et des solutions sont en cours de recherche.

Article rédigé par :
Pierre Chemel

L'OBSERVATEUR Valenciennois