A La Réunion, Hollande fustige «cinq ans d'abandon de l'Etat»

A La Réunion, Hollande fustige «cinq ans d'abandon de l'Etat»

Francois Hollande après son meeting à Saint-Denis, à la Réunion, samedi 31 mars 2012. (AFP)

 A Saint-Denis, le candidat PS a vanté l'idée d’un «bouclier qualité-prix pour que les produits de première nécessité soient vendus à des prix raisonnables» dans les Dom-Tom.

Par Laure BRETTON, envoyée spéciale à La Réunion

Ne pas oublier le moindre centimètre carré de la République pour l’emporter le 6 mai. Même s’il est plutôt en terrain conquis à La Réunion, qui a voté socialiste à près de 64% en 2007, François Hollande a détaillé samedi soir son projet pour l’Outre-Mer in situ, lors d’un meeting à Saint-Denis, quelques heures seulement après son passage remarqué à Mayotte.

A trois semaines du premier tour, les attaques contre Nicolas Sarkozy, attendu dans l’île mercredi, sont bien là: «Il va dire aux Réunionnais aidez-moi! Et bien oui, aidez-le à partir!». Les appels à la mobilisation aussi: «Certains se disent: ‘Les autres feront le travail pour moi'? Non, c’est vous qui allez faire le travail pour tous!».

Mais le cœur de son discours, c’est sa future politique envers les Dom-Tom. «L’outre-mer n’est pas un fardeau, pas une charge, pas un boulet. C’est une chance, un atout, un levier, une fierté», lance-t-il lors d’un meeting ultra-marin mais ultra-classique au Parc des expositions. S’il est élu, l’Etat passera un contrat avec chaque collectivité d’outre-mer.

Au «développement endogène» des Dom-Tom inventé par la droite pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, Hollande oppose son «développement solidaire». «Est-ce que le développement endogène a créé un emploi de plus? Non! Est-ce qu’il a fait remonter le pouvoir d’achat? Non! Est-ce qu’il a réduit les inégalités? Non, tape le candidat socialiste. Cela n’a été que l’abandon de l’Etat. Voilà ce dont l’outre-mer a pâti depuis cinq ans».

Alors, il agrémente de propositions nouvelles ses «trente engagements pour l’outre-mer», présentés début mars, principalement dans les domaines de l’emploi et de la lutte contre la vie chère, promet d’user de «toutes les armes juridiques» possibles pour attaquer les «réseaux, monopoles, les abus de position» qui font que tout coûte plus cher dans les îles alors que les taxes y sont moins élevées qu’en métropole.

Ambiance plus soft qu'à Mayotte

«La solution, c’est la transparence», assure Hollande, qui veut également «arrêter les stockages» pour lutter contre la spéculation et «mettre un terme aux distorsions de tarification» téléphoniques ou bancaires. Sans là non plus expliquer comment il s’y prendra pour convaincre les opérateurs...

Sur le modèle de ce qui a été mis en place à Mayotte après les cinq semaines de grève générale de l’automne, le candidat socialiste annonce la création d’un «bouclier qualité-prix pour que les produits de première nécessité soient vendus à des prix raisonnables» dans les Dom-Tom.

En plus de l’extension de son «contrat de génération» et des «contrats d’avenir» socialistes aux Dom, il veut «que les emplois qui sont créés ici reviennent en priorité à ceux qui vivent ici». A La Réunion, le chômage des jeunes culmine à près de 60%. C’est peu ou prou le même taux dans les autres Dom, soit bien plus du double de la moyenne nationale.

Hollande parle du «choc» qu’il ressent à chacune de ses visites en outre-mer. «Si nous n’y répondons pas, ce sera une colère irrépressible, une rupture, un changement violent qui nous sera imposé. Je dois dire à toute cette jeunesse qu’elle a toute sa place dans la République», martèle le socialiste.

Après l’accueil et la foule chaleureux de Mayotte, on entend des mini-vuvuzelas, les drapeaux flottent. Mais l’ambiance est plus posée. Près de 5 000 personnes ont fait le déplacement un samedi soir. L’équipe de campagne a compté de son côté 8 000 sympathisants mais trois grands chapiteaux sont restés vides devant le hall principal. Dimanche, Hollande sillonne l’île de La Réunion de part en part: quatre étapes, un marché et un meeting en plein air à la mi-journée. De quoi faire le plein.