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Blog de la section PS Anzin

Condamnation pour injure raciale: Benoît Hamon appelle à la démission de Brice Hortefeux

4 Juin 2010 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Information

Condamnation pour injure raciale: Benoît Hamon appelle à la démission de Brice Hortefeux

Créé le 04.06.10
Le porte-parole du Parti socialiste (PS), Benoît Hamon, le 26 avril 2010 au siège du Parti socialiste à Paris.

Le porte-parole du Parti socialiste (PS), Benoît Hamon, le 26 avril 2010 au siège du Parti socialiste à Paris. AFP / CHARLY TRIBALLEAU

POLITIQUE - L'UMP contre-attaque...

«A nos yeux, la dignité, c'est d'abord de commencer à s'excuser et ensuite de partir.» Benoît Hamon a appelé Brice Hortefeux à démissionner, après sa condamnation pour injure raciale. Le ministre de l'Intérieur a écopé ce vendredi d'une amende de 750 euros pour ses propos controversés à l'adresse d'un militant UMP d'origine arabe.

«L'exemplarité réclamée par le président de la République à tous, doit s'appliquer à tous»

«Un, Brice Hortefeux est condamné. Deux, il est ministre de l'Intérieur en charge de l'ordre public et de la lutte contre les discriminations», a indiqué le porte-parole du Parti socialiste. «Dans la République exemplaire de Nicolas SarKozy, il ne devrait pas y avoir de place pour un ministre de l'Intérieur, ministre régalien, condamné pour injure raciale», a-til poursuivi.

«L'exemplarité réclamée par le président de la République à tous, doit s'appliquer à tous. Si Nicolas Sarkozy devait le garder, c'est qu'il se comporterait davantage en chef de clan qu'en président, garant de cette exemplarité républicaine», a-t-il conclu.

 

Cette demande de démission n'a pas manqué de faire réagir l'UMP. Xavier Bertrand l'a jugé «honteuse» et «déplacée», dénonçant des «attaques personnelles».

«Je vois dans les déclarations de Benoît Hamon une agitation et une manoeuvre purement politiciennes car jamais par exemple il n'a demandé la démission de Ségolène Royal quand celle-ci a été condamnée par des décisions que la Cour de cassation avait rendues définitives», a-t-il ajouté. En avril 2009, la Cour de cassation avait confirmé la condamnation de Ségolène Royal pour ne pas avoir rémunéré deux ex-attachées parlementaires, une affaire remontant à 1997.

«Personne ne saurait dire aujourd'hui que Brice Hortefeux aurait un comportement raciste»

«Les choses sont claires. Brice Hortefeux a fait appel, il n'est pas possible de parler de condamnation», a aussi déclaré le secrétaire général de l'UMP. «Le jeune lui-même avait indiqué très clairement qu'il n'avait jamais eu le sentiment d'une remarque à caractère raciste», a poursuivi le patron de l'UMP, pour qui «personne ne saurait dire aujourd'hui que Brice Hortefeux aurait un comportement raciste».

Du côté du gouvernement, le Premier ministre François Fillon a tenu à réaffirmer «son soutien», «son amitié» et «sa confiance» à Brice Hortefeux.

Avec agence
Un ministre condamné peut-il rester en poste ?

 

 

Condamné par le tribunal correctionnel de Paris pour "injure à caractère racial", le ministre de l'intérieur peut-il rester en poste ? De l'avis des associations antiracistes, la réponse est claire : "Je pense que Brice Hortefeux doit démissionner. Comment peut-il poursuivre son action à la tête du ministère de l'intérieur après ce jugement ?", questionne l'avocat du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), interrogé par Le Post. Il ajoute qu'"en tant que président de la République, Nicolas Sarkozy doit réagir". (Voir le jugement sur le blog Chroniques judicaires)

 

Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, estime lui aussi que le ministre de l'intérieur devrait avoir la "dignité" de démissionner. Le Mouvement des jeunes socialistes (MJS), de son côté, a lancé une opération visant à envoyer le message "Un ministre, c'est pas raciste. Hortefeux démission" sur le fax du ministère de l'intérieur. 

Si Brice Hortefeux a annoncé qu'il ferait appel de ce jugement, il n'en reste pas moins que c'est la première fois en France qu'un ministre en exercice est condamné pour un tel délit. Ce qui ne peut aller sans poser la question de son maintien en poste.

Le président du MRAP, Mouloud Aounit, a annoncé que son mouvement allait également faire appel du jugement, à la fois pour obtenir que "la condamnation soit confirmée" et "la sanction rehaussée car le montant pécunaire n'est pas à la hauteur de la gravité des faits", selon lui.

LA JURISPRUDENCE BALLADUR N'A PLUS COURS

Jusqu'en 2002, en effet, régnait la "jurisprudence Balladur" : tout ministre impliqué dans une affaire judiciaire se doit de quitter son poste. Une pratique inaugurée par Bernard Tapie en 1992, et suivie par quatre autres ministres : Alain Carignon, Gérard Longuet, Michel Roussin et Dominique Strauss-Kahn. Tous quatre avaient quitté leurs fonctions le temps de se mettre au clair avec la justice. Sur les quatre, un seul, Alain Carignon, a d'ailleurs été condamné.

Depuis, premiers ministres comme chefs d'Etats français ont tendance à moins exiger de leurs ministres. Le meilleur exemple récent est celui d'André Santini, qui était impliqué dans plusieurs affaires judiciaires au moment de sa nomination.

Au point que l'Elysée a édicté une règle non écrite, confiée à plusieurs journalistes en 2008 : "Si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il devrait quitter le gouvernement. S'il était relaxé, il reviendrait." Règle aussitôt oubliée, sans quoi Brice Hortefeux aurait quitté son poste dès son procès à la fin de l'année 2009.

QUAND HORTEFEUX JUGEAIT "INTOLÉRABLES" CE TYPE DE PROPOS

L'Elysée n'est pas seul à avoir pris une position ferme sur la question. Le 14 août 2009, un ministre expliquait : "Je ne tolèrerai jamais que des propos racistes ou discriminants soient tenus dans notre pays, d'autant plus par un représentant de l'Etat, quel qu'il soit. Ces comportements sont indignes des valeurs de notre République." Il s'agissait de... Brice Hortefeux. Qui avait suspendu le préfet Paul Girot de Langlade après qu'il a tenu des propos racistes à l'égard d'une fonctionnaire de police.

Interrogé par Le Post, l'ancien préfet, suspendu après sa condamnation, ironise aujourd'hui : "750 euros [le montant de l'amende dont pourrait écoper Brice Hortefeux] c'est bien léger. J'ai eu droit à 2 000 euros et une inscription au casier judiciaire pour incitation à la haine raciale pour des propos que je n'ai même pas tenus."

A l'UMP, l'embarras règne. Dominique Paillé, porte-parole du parti, dit sur France-Info "ne pas comprendre" la condamnation et espère que la décision d'appel sera différente, tout en ajoutant qu'il n'a "pas pour habitude de commenter des décisions de justice". Le député UMP du Nord, Christian Vanneste, a estimé que la condamnation de Brice Hortefeux "souligne à quel point la liberté d'expression est menacée dans notre pays". L'élu du Nord a lui-même été poursuivi en justice pour ses propos sur l'homosexualité avant d'être relaxé. Le premier ministre, François Fillon, a quant à lui"tenu" vendredi "à réaffirmer son soutien", "son amitié" et "sa confiance" au ministre de l'intérieur, dans un communiqué diffusé par ses services.

Brice Hortefeux, lui, fait savoir par son avocat qu'il compte bien aller jusqu'en Cassation s'il le faut pour obtenir un jugement différent.

Samuel Laurent
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