David Douillet forcé à un second tour à la législative partielle de Poissy
Les "Douillet au tapis" s'opposent aux "Douillet à l'Assemblée". Dimanche soir, dans la grande salle du Centre de diffusion artistique de Poissy, les électeurs s'affrontent à coups de
slogans. C'est le premier tour de la législative partielle dans la 12e circonscription des Yvelines et David Douillet arrive en tête pour l'UMP avec 44,7 % des voix. Au centre de toutes les
discussions, l'ancien champion de judo arrive à 22 heures, escorté du secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand et du toujours très joyeux député souverainiste Jacques Myard, "venu en
voisin". David Douillet, qui semble un peu déboussolé, est finalement ovationné. Les cris de ses partisans couvrent ceux de ses détracteurs. Un peu en
retrait, le "local de l'étape", le maire socialiste de Poissy Frédérik Bernard (arrivé second avec 21,9 % des voix) fustige une "droite mafieuse qui a fait la salle"... Et déplore la
"peoplisation" du débat.
À cette accusation, formulée par l'ensemble de l'opposition, David Douillet rétorque être celui "qui répondra le mieux aux attentes des habitants". Frédérik Bernard ne veut rien entendre :
"David, il est gentil, mais on ne sait pas trop ce qu'il fait là. Nous avons une semaine pour convaincre les gens qui ont voté pour lui parce que ça fait bien, ça fait mode, qu'ils ont
tort." Selon lui, les choses sérieuses commencent : "Il faut amener David Douillet à parler, à s'exprimer sur la politique du gouvernement, ce qu'il refuse pour l'instant de faire. Comme en
aïkido, on l'a attiré vers nous, maintenant il faut le faire tomber."
Les Verts ne réitèrent pas Rambouillet
D'ores et déjà, David Douillet s'est trouvé un excellent avocat. Pendant que lui répond aux télés, Xavier Bertrand, adossé à la tribune, répond aux attaques. Il sait que ses adversaires
reprochent à Douillet d'esquiver les sujets nationaux : "David Douillet ne s'est pas présenté en candidat sans étiquette, mais comme le candidat de l'UMP." Ce débat-là est donc clos. "Il
est secrétaire national du parti en charge de la vie sportive, il assume. Sans compter qu'il aurait pu se présenter dans une circonscription plus facile, il ne l'a pas fait. C'est parce
qu'il a un vrai sens de l'intérêt général." Si les douze députés des Yvelines étaient jusqu'à présent de droite, il est vrai que le combat est loin d'être gagné pour le champion olympique.
Dans cette circonscription, la condamnation du député Jacques Masdeu-Arus à dix ans d'inéligibilité pour corruption a laissé des traces.
Surtout que Douillet fera face à une gauche unie, dont l'addition des voix peut s'avérer cruelle. En effet, Frédérik Bernard peut
compter sur le soutien du troisième homme de la soirée, le Vert Alain Liepitz et ses 14.82 % de voix (3e position). Le candidat du MoDem et la candidate du Parti de gauche recueillent
respectivement 7,7 % et 4,9 % des voix. Encore faut-il que les électeurs se déplacent. Au premier tour, le taux d'abstention s'élève à 70 %, ce qui est toutefois attendu lors d'une
partielle...
Par ailleurs, le candidat écolo appelle à voter socialiste, mais il est toutefois déçu puisqu'il est loin de réitérer l'exploit de Rambouillet : il y
a deux semaines, la candidate d'Europe Écologie avait éliminé le PS dès le premier tour avant
d'arriver cinq petites voix derrière l'UMP lors d'une législative partielle .
Europe Écologie voulait y voir la preuve d'une dynamique durable. Dimanche soir à Poissy, les acteurs de la gauche
locale eux-mêmes y voient plutôt un cas particulier.
Par Charlotte Chaffanjon
LE POINT