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Blog de la section PS Anzin

Economie française : "Pas de véritable rebond avant 2012 ou 2013"

12 Mai 2010 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Information

 

 

Economie française : "Pas de véritable rebond avant 2012 ou 2013"

 

 

Le PIB français a progressé de 0,1 % sur les trois premiers mois de 2010 par rapport aux trois derniers mois de 2009, selon les chiffres publiés mercredi 12 mai par l'Insee. Directeur du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Xavier Timbeau décrypte la signification de ce chiffre.

 

 

 

Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

D.R.

Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Le PIB n'a progressé que de 0,1% : l'Insee s'inquiète de la consommation et de l'investissement.

AFP/LENNART PREISS

Le PIB n'a progressé que de 0,1% : l'Insee s'inquiète de la consommation et de l'investissement.

 

 

Au regard des trois premiers mois de 2010, y a-t-il lieu d'être inquiet pour l'évolution de l'économie française ?

Xavier Timbeau : Oui. Le chiffre du PIB est moins bon qu'attendu. Cela montre que l'on n'est pas encore dans un mouvement de reprise. On est à un niveau de croissance qui ne peut pas amener une réduction du chômage. On est même dans une augmentation du chômage.

Il y a des éléments préoccupants. Tout d'abord la consommation des ménages. Elle ralentit nettement [0 % au premier ministre 2010, contre + 0,9% au dernier trimestre 2009]. On pouvait s'y attendre. Notamment avec l'impact décalé du chômage sur les revenus des ménages : en 2009, les stabilisateurs automatiques (allocations chômage, chômage partiel, contrat de transition professionnelle…) avaient permis d'atténuer les effets de la crise.

Autre élément inquiétant : la baisse des investissements. On est encore dans un processus de correction. Pour les entreprises, le mouvement de stabilisation de leur activité se fait dans un contexte de sur-capacités de production et donc de non redémarrage de l'investissement. Ce n'est pas bon à court terme.

Quel peut être le scénario d'évolution pour l'année 2010 ?

Il y a certes une reprise de la croissance mondiale qui suscite un léger rebond [le commerce extérieur a contribué positivement de 0,4 point à l'évolution du PIB au premier trimestre]. On a aussi vu, fin 2009, un mouvement de reconstitution des stocks au niveau des entreprises qui a contribué à une stabilisation.

Mais les chiffres de début 2010 montrent qu'il n'y a pas de mouvement de reprise. On est dans une situation de croissance atone. Et une croissance plate, calculée par personne en âge de travailler, cela veut dire que l'on reste dans la récession.

A-t-on déjà connu ce genre de situation ?

Oui, après 1993. On risque de reproduire ce schéma. Il y avait eu un léger rebond début 1994, puis un tour de vis dans le cadre de la préparation de la monnaie unique. Cela avait conduit à une rechute de la croissance en 1995.

Fin 2010, compte tenu de la croissance telle qu'elle se dessine, on va avoir un redressement conjoncturel du déficit public qui sera moins fort qu'attendu. Donc une situation budgétaire plus dégradée. Et cela va renforcer l'idée d'un sérieux tour de vis budgétaire courant 2011.

Ce tour de vis, qui viendra après une année 2010 plate, constituera un nouvel élément de réduction de la croissance. Donc 2011 sera également une année plate ou de récession.

Quand peut-on alors anticiper un rebond ?

Dans le schéma de 1993, la reprise est venue en 1997. C'est cette année-là que les objectifs de réduction des déficits avaient été atteints, que l'effort budgétaire avait cessé, que la politique monétaire s'est faite moins restrictive.

Si on est bien dans ce genre de schéma aujourd'hui, il ne faut pas attendre de véritable rebond avant 2012 ou 2013.

Cela ne sera donc pas sans conséquences au niveau de la politique française. Cela signifie que c'est un sujet qui va marquer la campagne pour l'élection présidentielle.

Propos recueillis par Philippe Le Coeur
Le MONDE.fr
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