Fadéla Amara : "Je soutiens fermement la politique d'Hortefeux"

VILLE -

Fadéla Amara, secrétaire d'Etat chargée de la Politique de la ville, a aligné hier les petits "caïds des quartiers, minoritaires, mais qui prennent en otage toute une population", bien dans la lignée du Karcher voulu par Nicolas Sarkozy pour nettoyer les cités, terme qu'elle reprend.

A part ça ?

Et bien, pas grand chose de plus lors de cette visite de courtoisie à Hem, au quartier des Longs Champs, zone sensible urbaine, 42% de chômage. Et ville UMP.

"Je soutiens fermement la politique de Brice Hortefeux", le ministre de l'Intérier.

Elle reconnaît tout juste que la police devra "revoir ses pratiques", quand les contrôles sont trop systématiques et braquent les jeunes. Et réaffirme dans la foulée que "la majorité de la police qui intervient dans les quartiers est une vraie police républicaine et respectueuse des citoyens". Fadéla Amara s'est agacée qu'on ose l'interpeller sur les émeutes de Grenoble : "Vous ne pouvez pas m'interroger sur le déplacement d'aujourd'hui ?"

C'est sûr, c'était sympa, la tournée de serrage de paluche dans la zone urbaine sensible, quartier des Longs Champs, à Hem, et la question ritournelle "Sinon, tout va bien ?" à laquelle personne n'ose vraiment dire non. Dès qu'elle voit un groupe d'habitants, elle fonce, main tendue en avant, sympa, le verbe haut en couleurs, teinté quartier. Ils se plaignent : "Il y a de la rénovation ici, mais c'est un cache-misère". La ministre : "Je n'ai pas le dossier sous les yeux..." Les jeunes se marrent de la défausse. Elle reprend :"Non, mais attendez, être élu aujourd'hui, c'est difficile car le contexte est difficile. On a un gros problème lié à la crise. Il faut rester mobilisés, je suis combattante, il ne faut pas être dans les discours pessimistes." Un jeune homme l'interpelle sur la difficulté de trouver un travail quand on est étiqueté quartier sensible. Elle propose une table ronde à la rentrée, avec les grandes entreprises du secteur, car celles-ci, explique-t-elle, "ont une responsabilité". Mais bon, la proximité, ça ne paye pas toujours. Elle tente de jouer la connivence : "Ça se dit comment, ça, en kabyle ?" Son interlocuteur se marre, "On sait pas, on est français." Elle s'éloigne vers le petit centre commercial remis à neuf, l'objet de sa visite officielle, escortée par une palanquée d'élus de la ville. Karim n'est pas franchement convaincu : "Ce qui était bien, c'est qu'elle est à l'écoute des gens. Ca ne veut pas dire que je pense qu'elle a apporté des réponses aux attentes des jeunes. C'est resté trop général, sa proposition de réunion, c'est trop flou." Il estime aussi qu'on n'a pas emmené la ministre là où les problèmes sont criants : "Depuis que le centre commercial a été rénové il y a deux ans, le problème s'est déplacé." Les jeunes ne traînent plus là, mais à Schweitzer, des logements collectifs en cours de rénovation. "Fadéla Amara avait son projet anti-glandouille, on en a entendu parler. Pour quel résultat aujourd'hui ? Rien du tout."

Stéphanie Maurice

Photo : Archives Reuters

Commentaires

Ah ca fait du bien ce genre d'article. Hem c'est la ville où se concentre le plus grand nombre de personnes payant l'ISF. Amara aurait pu faire un tour quelques centaines de mètres plus loin pour se demander comment on allait démanteler les grilles qui bloquent l'accès des rues des grands bourgeois lillois.

Rédigé par : etienne | 25/07/2010 à 19:20

peut être que cette convertie au sarkhozisme est elle en train de préparer le terrain pour conserver sa place lors du prochain remaniement...Ou est le plan Marshall des banlieues?? les ralliés sont souvent pire que leur maitre...elle en est l'exemple.

Rédigé par : Danièle Mercier | 28/07/2010 à 09:59