François Hollande veut changer de stature
François Hollande hier à Bruxelles avec Martin Schulz (à g), président du groupe socialiste au Parlement européen, et Elio Di Rupo, du Parti socialiste belge. D. CLOSON / ISOPIX / SIPAT. ROGE / REUTERS
POLITIQUE - Le candidat socialiste était hier en voyage officiel à Bruxelles pour évoquer la crise...
De notre envoyé spécial à Bruxelles,
Passer la frontière et prendre de la hauteur. Mercredi, François Hollande et sa cohorte de soixante journalistes ont pris le train, direction Bruxelles
(Belgique) pour évoquer les finances de l'Union européenne. Le déplacement est calibré. Ce jeudi, Nicolas Sarkozy prononcera un discours solennel à Toulon (Var) sur la crise. En attendant, le candidat PS, à qui on avait reproché son absence de riposte lors du G20 (il visitait la Foire du livre de Brive, en Corrèze), occupe le terrain. «Il y a trois ans à Toulon, Sarkozy nous avait parlé de la moralisation du capitalisme, on a vu ce que cela a donné. Demain
[jeudi], on va assister à une nouvelle supercherie», tance Harlem Désir, député européen.
Sarkozy trop «docile» avec Merkel
Hollande est venu en candidat, mais il a prévu un agenda d'homme d'Etat. Au menu, rencontre avec les députés européens socialistes à qui il a promis d'apporter l'alternance en
France et surtout, multiples discussions dans les bureaux feutrés de la Commission, notamment avec José Manuel Barroso, président de l'institution. Une façon d'avancer quelques idées pour relancer
l'Europe et de s'immiscer dans les débats qui agiteront le prochain Conseil européen, programmé le 9 décembre. «Ce n'est pas l'annonce d'un nouveau traité, dont le contenu est obscur et
la perspective lointaine, qui va mettre le bon ordre. Pendant que l'on négociera, les marchés vont-ils s'arrêter? Qui peut l'imaginer?» lance le candidat socialiste à l'intention d'Angela
Merkel, qui penche pour une révision des traités.
Sarkozy est «docile» à l'égard des Allemands, raille l'entourage de Hollande. Lui est «européen depuis toujours, mais pas euro-béat», il saura s'opposer,
glisse-t-on. Face à l'UMP qui lui resasse son manque d'envergure, François Hollande engage ici, au cœur de la fabrique de l'Europe, la bataille de la crédibilité. «Nous verrons bien en mai»,
tempère le candidat au sujet de sa latitude d'action s'il arrive au pouvoir. En attendant, il s'agira de pilonner la responsabilité du président sortant. «Il y a une différence entre
Nicolas Sarkozy et moi: il est président et je ne le suis pas...
Mais lui peut bientôt ne plus l'être alors que moi, je peux le devenir.»