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Blog de la section PS Anzin

Insécurité : Comment Nicolas Sarkozy fait du neuf avec du vieux

5 Février 2011 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Information

Insécurité : Comment Nicolas Sarkozy fait du neuf avec du vieux
 
Nicolas Sarkozy lors de son intervention télévisée en novembre 2010.

Nicolas Sarkozy lors de son intervention télévisée en novembre 2010. | France 2

 
La campagne présidentielle est déjà en route : Afin de ne pas se laisser distancer sur l'autoroute qui mène à 2012, le bouillant Nicolas Sarkozy a décidé de renouer avec l'un des thèmes qui avaient construit son succès de 2007 : l'insécurité.
Seul problème : entre temps, la donne a un peu changé, sur des détails "mineurs" : il est le chef de l'exécutif depuis quatre ans, et le Front National, son principal concurrent en la matière, est devenu plus fréquentable pour les électeurs, grâce à l'arrivée de Marine à sa tête.

Mais pensez vous que cela l'aurait poussé à changer son discours pour autant ? Pas du tout !


Le président a tout d'abord réutilisé une technique éprouvée : la récupération d'un fait divers dramatique qui a particulièrement sensibilisé l'opinion : l'affaire Laetitia.

Hier, à Orléans, Nicolas Sarkozy a donc promis des "sanctions" pour les responsables du suivi judiciaire et policier de Tony Meilhon, soupçonné d'avoir tué la jeune fille, rapporte 20Minutes. Même s'il  ne s’agit pas là d’une affaire de récidive de crime sexuel puisque si T. Meilhon a été maintes fois condamné, il ne l’a jamais été pour crime sexuel. Nicolas Sarkozy a insisté sur ce thème, en utilisant une formule très personnelle , et sans aucune valeur légale : le "présumé coupable".

Déjà , ça commence mal : en 2006, pour démontrer son efficacité, il avait utilisé la même terminologie, pour l'affaire Colonna - terminologie qui est maintenant réutilisée par la défense du nationaliste corse, pour affaiblir le parquet, en axant sur "une présomption à charge".

On sait bien  que Nicolas Sarkozy a beaucoup utilisé les faits-divers pour illustrer sa volonté de réformer l’arsenal répressif, mais on a l'impression qu'il oublie de plus en plus qu'il était, avant 2007, ministre de l'Intérieur, et qu'il est passé, depuis, aux manettes "générales"...  Mais il poursuit, comme si de rien n'était, en

stigmatisant  ses prédécesseurs, "aveuglés" par ce qu’il décrit comme une "culture de permissivité" : ce qui a fait le plus de mal à la fin du siècle précédent, c'est le slogan : "Il est interdit d'interdire".  C'était quand, déjà ..? Il y a plus de 40 ans...

En gros, un homme assassine une femme en 2011 et le président de la République (alors  en charge de la sécurité du pays depuis 2002) explique que cette femme est morte à cause du soixante-huitard ! Gonflé, non ?

Nicolas Sarkozy ressort donc bien les thématiques de la dernière campagne. Il fait du neuf avec du vieux, en occultant complètement sa responsabilité propre, quitte à désigner des coupables qui n'ont plus rien à voir avec la sécurité publique actuelle : il faut liquider l’héritage de 68 qui fabrique des récidivistes, semble-t-il dire... Décidément, c'est toujours "la faute des autres".

But évident de la manoeuvre :

Réinstaller la thématique sécuritaire au cœur du débat. Le bon vieux coup de la décadence, du laxisme de la la gauche angélique et irresponsable, pervertie par mai 68 ( voire "complice", efficacité réaliste", pour se mettre pourquoi pas du côté des victimes et du peuple, qui crient vengeance...

A Grenoble, l'année dernière, en surfant déjà sur un fait divers sanglant, le Président avait déjà tenté le coup : mais, après quelques déclarations tonitruantes et de vagues promesses, cela avait fait flop (et ce flop se poursuit, la majorité parlementaire refusant d'adopter une partie des mesures proposées par le gouvernement, les jugeant précipitées ou maladroites, comme sur la déchéance de la nationalité) - car c'est... la gauche qui demande maintenant plus de policiers, et de moyens pour agir dans le cadre sécuritaire. Et la droite "dure" propose, elle, de tenir seulement des engagements qui ne l'ont pas été par le le pouvoir en place : pas vraiment plus, sinon le refrain habituel sur le FN ne va quand même pas revenir sur tout son fond de commerce, surtout si une partie de celui ci recueille des suffrages opportuns, le "rétablissement de la peine de mort"


 

On a donc bien l'impression que les vieilles ficelles sont un peu usées, et qu'elles ne correspondent plus aux nouvelles attitudes politiques en place. 2012 ne sera pas un 2007 bis : et cela, Nicolas Sarkozy devrait essayer de s'en rendre compte rapidement.

Car, depuis, il a été élu Président. Et lui qui parle toujours de la "responsabilité  des hommes", devrait, peut-être, appliquer ce principe louable à sa propre personne...

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