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Blog de la section PS Anzin

L’État coffre-fort

27 Mars 2013 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #International- Europe

L’État coffre-fort

Dans un livre, les deux journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot décrivent l’État le plus bling-bling au monde.

 

Par Dominique de Laage

Sud Ouest 

Christian Chesnot et Georges Malbrunot.
Christian Chesnot et Georges Malbrunot. (photo afp)

 

 

« Sud Ouest ». Comment s’est nouée la relation privilégiée entre Nicolas Sarkozy et l’émir du Qatar ?

C. Chesnot et G.Malbrunot (1).

Les Qatariens ont un sens inné de l’opportunisme. Ce sont des bédouins qui sentent le vent et pratiquent la razzia. Quand Sarkozy a voulu régler le problème des infirmières bulgares aux mains de Kadhafi, les Qatariens ont proposé leurs services. Ils ont payé la ranç on, évaluée entre 300 et 400 millions d’euros. En échange, Kadhafi promettait d’acheter français. Et pour boucler la boucle, Sarkozy ouvrait l’Hexagone aux investissements qatariens.

C’est donc dès le début du quinquennat que la relation personnelle entre Sarkozy et HBJ, le Premier ministre du Qatar, s’est nouée. Ce dernier s’est d’ailleurs acheté un petit palais rue de Courcelles, juste à côté de l’Élysée. Les Qatariens ont un côté bling-bling. Tout s’achète pour eux. Ils ont même essayé de monnayer le veto russe à l’ONU vis-à-vis de la Syrie. Quand Sarkozy indisposait les autres dirigeants du Golfe en montrant le dessous de ses chaussures, eux s’en fichaient. La relation qui s’est nouée entre Sarkozy et HBJ est celle de deux joueurs de poker. Chacun pensait pouvoir coincer l’autre.

Votre enquête dissipe bien des fantasmes. Les Qatariens n’ont donc pas acheté la France ?

Ils ont 50 milliards de cash à dépenser par an, deux à trois siècles de réserves de gaz devant eux et cinquante ans de réserves de pétrole… Quand ils envoient un stagiaire magistrat ou militaire en France, il dispose chaque jour de 1 800 euros d’indemnités. L’argent, pour eux, c’est de l’argent de Monopoly. Certes, le Qatar a investi en France, mais moins qu’en Angleterre. Et c’est du donnant-donnant. En contrepartie, les grands groupes français sont très présents au Qatar.

Ils sont riches, arabes et wahhabites… Tout pour être le bouc émissaire de l’islamophobie. Quand ils ont voulu créer ce fonds d’investissement pour les banlieues en France, ils ne cherchaient pas à endoctriner les jeunes Français d’origine maghrébine. Mais à trouver des cerveaux, à créer une émigration positive. Car leur vrai problème, c’est le nombre. Jouer un rôle planétaire avec 180 000 habitants, c’est compliqué.

Vous estimez que le successeur de l’émir actuel tempérera cette politique du « show off »…

Oui. Il a compris que la grenouille ne pouvait pas se faire plus grosse que le bœuf. Et qu’avec la Libye et la Syrie, son père avait sans doute franchi la ligne rouge.

 

(1) « Qatar, les secrets du coffre-fort », par Christian Chesnot et Georges Malbrunot, éd. Michel Lafon, 331 p, 17,95 €.

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