François Fillon a été obligé de procéder lundi soir à une mise au point au sujet du relèvement de 30% des droits à construire annoncé la veille par Nicolas Sarkozy.
Cette mesure a suscité des inquiétudes parmi les associations de défense de l'environnement ou du patrimoine, les milieux de l'architecture et les élus locaux.
Pris au pied de la lettre, les propos du président de la République laissent entendre qu’il sera bientôt possible d’augmenter le nombre de mètres carrés constructibles sur les parcelles et de monter partout en hauteur, en rajoutant des étages à des bâtiments existants.
Lundi en milieu de journée un communiqué publié par l’association France nature environnement (FNE) agitait ainsi le spectre d’une capitale défigurée par la densification.«Il y a des rues de Paris où il va faire nuit dans la journée» affirmait l'association, qui n'a pas hésité à forcer le trait jusqu'à la carricature.
Il "ne s'agit en aucun cas de faire n'importe quoi" a dû préciser quelques heures plus tard le Premier ministre. "Le projet de loi qui doit amplifier les droits de construire laissera toujours aux collectivités (locales ndlr) le soin de juger de cette majoration".
Une déclaration destinée à rassurer, car par leur imprécision, les annonces du président de la République prêtent le flanc à des inquiétudes légitimes. «Nous avons décidé, pour les trois ans qui viennent, que tout terrain, toute maison, tout immeuble, verra ses possibilités de construction augmenter de 30%» a indiqué dimanche soir à la télévision le chef de l’Etat.
Quand Nicolas Sarkozy a laissé entendre que «tout immeuble» était concerné, chacun a cru que même les centres-villes anciens n’échapperaient pas à une densification qui abimerait la valeur historique et patrimoniale du bâti existant. François Fillon a donc dû préciser que "naturellement, les zones protégées ne sont pas remises en cause".
Autrement dit, les articles du code de la construction relatifs aux zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager restent en vigueur. Dans la matinée, le secrétaire d'Etat au logement Benoist Apparu avait déjà indiqué à Libération que «la loi Littoral, comme la loi Montagne, ou les PPRI (Plan de prévention du risque d’inondation ndlr) restent bien sûr en vigueur» .
Parmi les élus locaux, le maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, avait sévèrement critiqué cette mesure sur la constructibilité estimant qu'elle relève du "bricolage et de l'amateurisme".
Devançant les ministres, les architectes posaient d'ailleurs dès lundi matin les limites de la mesure. «Cette marge de 30% de construction en sus ne pourra pas être utilisée partout et n’importe comment, autrement on court au désastre architectural et urbain» soulignait Lionel Carli, président de l’Ordre des architectes, contacté par Libération.
«Peut-être que cette annonce présidentielle vise à provoquer un électrochoc, pour amener les élus à réfléchir à leur urbanisme et à identifier des zones où il est possible de densifier et donc de construire plus de logements sur les parcelles» analysait-il.
Lundi soir, le secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu, a précisé que le "projet de Loi sera présenté au Conseil des ministres début février". Il ne comporterait qu'un seul article et devrait être adopté avant la fin de la session parlementaire par l'Assemblée nationale et le Sénat.
PHOTOS: REUTERS/Benoit Tessier/Handout
Et ce matin, pour ajouter de l'incompétence à la sottise, Valérie Pécressse affirme que le prix de la construction de ces nouveaux logements ne va pas augmenter puisque la TVA sur la construction est de 7% alors que tout le monde sait (sauf elle qui est ministre du budget!) que le taux réduit (qui au passage a augmenté de 1,5% ne s'applique qu'aux travaux de rénovation de logements anciens!