Luc Chatel, ministre DRH

Luc Chatel,

ministre DRH

mercredi 26.01.2011, 05:11  - La Voix du Nord

|  LE TEMPS FORT |

Luc CHATEL, ministre de l'Éducation nationale, n'a pas oublié ses anciennes fonctions de DRH de L'Oréal.

Après l'annonce de la prime de performance aux recteurs qui a fait bondir les syndicats d'enseignants, il ne craint pas de prendre de nouveau le «  mammouth » à rebrousse-poil, avec la mise en place d'une prime au mérite pour les chefs d'établissements du secondaire.

Une politique de « rémunération variable » de l'encadrement qui, justifie- t-il, « existe dans l'immense majorité des entreprises de notre pays ». L'école, une entreprise comme une autre ? La comparaison est assurée d'un grand succès dans les salles des professeurs !

Selon les chiffres donnés par le ministre - qui a obtenu l'accord des trois syndicats de chefs d'établissement -, la prime pourrait aller jusqu'à 6 000 euros tous les trois ans, avec comme critères d'évaluation le projet pédagogique, les résultats scolaires, ou encore la capacité d'intégrer les élèves en grande difficulté.

Bâtir une grille d'évaluation juste est-il un « objectif » atteignable par le ministre ? Entre le proviseur du lycée Henri-IV à Paris et son collègue moins chanceux exerçant en Seine-Saint-Denis, on voit bien où est le plus « méritant » des deux, mais cela n'apparaîtra pas dans son compte de résultats au bac !

Jusqu'à présent, les chefs d'établissement évalués à partir de leur lettre de mission touchaient une prime fixe, quel que soit le résultat de l'évaluation.

La faire varier en fonction des résultats obtenus peut donc se défendre. Mais le diable est toujours dans les détails. Les syndicats d'enseignants se demandent si la prime ne sera pas indexée, dans les faits, au nombre de suppressions de postes acceptées par leur chef d'établissement... La « culture du résultat » que le ministre DRH veut faire entrer dans l'Éducation nationale passerait peut-être mieux dans les lycées et les collèges si elle commençait à s'appliquer dans les étages supérieurs du ministère. Là où l'on décide de réformes comme la semaine de quatre jours, lancée en 2008 par Xavier Darcos... et qui fait la quasi-unanimité contre elle deux ans plus tard. Ou encore cette géniale refonte de la formation des maîtres défendue par Luc Chatel, qui a conduit à jeter dans le grand bain des jeunes ne sachant pas encore nager... jusqu'à ce que Nicolas Sarkozy reconnaisse la semaine dernière qu'il y avait un problème !

Luc Chatel n'a cependant pas à s'inquiéter de ce raté. Il fait partie des ministres bien notés par le président de la République, de ceux à qui Nicolas Sarkozy attribuerait sans doute une prime de résultat si elle existait pour les membres du gouvernement. François Fillon avait pourtant bien parlé en 2008 d'« évaluer » ses ministres tous les ans. Qui s'en souvient aujourd'hui ?

Le ministre ne craint pas de prendre denouveau le« mammouth » àrebrousse-poil, avec laprime au mérite pour les chefs d'établissement.