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Blog de la section PS Anzin

Maisons de retraite : Témoignage

8 Octobre 2009 , Rédigé par Frédéric Debeffe Publié dans #Information

Christophe Fernandez: «Certains directeurs de maisons de retraites agissent en toute impunité»
Créé le 08.10.09   20 Minutes.fr
Christophe Fernandez, président de l'Association française de protection et d'assistance aux personnes âgées (AFPAP).
Christophe Fernandez, président de l'Association française de protection et d'assistance aux personnes âgées (AFPAP). /AFPAP

INTERVIEW - Le président de l'Association française de protection et d'assistance aux personnes âgées et co-auteur de l'ouvrage On tue les vieux fait le point...

Christophe Fernandez dénonce les dérives des structures d'accueil pour personnes âgées en France après l'affaire de la maison de retraite Les Colombes de Bayonne, fermée à la suite de dénonciation de maltraitance sur les résidents. Des conditions d'hygiène et de soins assimilables à des «violences» commises sur «personnes vulnérables» ont été relevées par le procureur de la République.

Que dire de l’affaire de la maison de retraite Les Colombes de Bayonne?
Nous nous sommes portés partie civile dans cette affaire. En l'occurrence, si cette maison de retraite a fermé, c'est surtout, selon moi, parce que les autorités se sont rendues compte qu'elle ne pourrait pas se mettre aux normes, et on a assisté à une sorte de mise en scène pour les médias.

Comment cela?
La Ddass a semé le trouble en déclarant que la structure n'avait pas d'agrément. En réalité, elle en avait pour accueillir des personnes âgées, mais pas des personnes âgées dépendantes. La Ddass l'avait d'ailleurs déjà contrôlée à deux reprises et elle était dans son collimateur. Mais comme souvent, cela s'est soldé par une simple préconisation, sans sanction véritable.

Vous voulez dire que ces structures sont protégées?
Les autorités sanitaires ont perdu la notion pédagogique de la sanction. Ce qui permet à certains directeurs d'établissements affairistes d'agir en toute impunité. Les autorités considèrent ce type de structures comme des partenaires, car elles créent des emplois et fournissent des places d'hébergement pour les personnes âgées qui font tant défaut. La Ddass hésite donc à les inquiéter en cas de problèmes.

Il y a donc beaucoup de structures de ce type en France?
C'est difficile, voire impossible à chiffrer, car certaines échappent à tout contrôle tant qu'il n'y a pas de plainte. Il y a des structures clandestines, dans des hôtels particuliers. En 2003, nous en avions déniché une vingtaine dans la région toulousaine, puis une dizaine en Ile de France l'année suivante. Il y a aussi des familles d'accueil, dont certaines outrepassent leurs capacités d'accueil, et les congrégations religieuses, au fonctionnement parfois opaque.

La maltraitance y est-elle fréquente?
Vous savez, la maltraitance est difficile à définir et à qualifier, notamment pénalement. Peut-on reprocher à un personnel débordé de travail et souvent sous-qualifié de ne pas avoir le temps de changer une personne âgée? De lui déposer son verre d'eau alors qu'il ne peut boire seul? De retirer son plateau alors que le repas n'est pas fini? De l'attacher à son lit pour ne pas qu'il tombe?

Et les violences?
Les coups et blessures existent aussi. Le plus souvent, ils sont portés par des personnels en état de burn-out (épuisement professionnel, ndlr). Dans ces structures, le personnel change souvent, et les employeurs exploitent des gens en condition de grande précarité. Mais il y a peu de dénonciations.

Pourquoi les familles ne se manifestent-elles pas?

La plupart du temps, elles ne se rendent pas compte. Les familles n'ont pas d'éléments de comparaison. Et puis, les places d'hébergement sont tellement rares. Les gens se demandent: «est-ce qu'on va trouver une autre maison de retraite? Est-ce que ce ne sera pas la même chose ailleurs?»; On s'attend d'ailleurs à être seul sur le banc des parties civiles au procès, comme bien souvent.

Comment arranger les choses?
Je suis malheureusement assez pessimiste. Quand j'ai écrit le livre On tue les vieux (éd. Fayard) avec le Professeur Jacques Soubeyrand, j'étais même proche de la résignation par rapport à mon combat contre la maltraitance. Plus de contrôles, plus de sanctions... Demander plus de personnel est peut-être utopique. Ces professions sont tellement peu valorisées et mal payées... Sans doute faudrait-il commencer par là.
Propos recueillis par Julien Ménielle
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