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Blog de la section PS Anzin

Nouvelle «affaire DSK»: le FMI décapité par anticipation

16 Mai 2011 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Parti Socialiste

— iledere @ 6:30

Décidément, le Fonds monétaire international n’a pas de chance avec les hommes politiques que les dirigeants européens se sont obstinés à placer à sa tête depuis le début du XXIe siècle. Mais à la différence de ses deux prédécesseurs partis en cours de mandat, Horst Köhler et Rodrigo Rato, Dominique Strauss-Kahn n’est plus maître, désormais, du calendrier de son départ anticipé.

Sans préjuger de l’issue de l’inculpation du directeur général du Fonds par un procureur de New York pour «agression sexuelle» sur une femme de chambre du Sofitel de Manhattan, il paraît impossible que le favori des sondages pour la présidentielle de 2012 puisse rester en fonction.

Même en faisant abstraction du coup porté à la réputation de l’institution multilatérale, déjà écornée par une première «affaire DSK» en 2008, le directeur général pourrait être physiquement empêché d’exercer ses fonctions si, même libéré sous caution comme cela est courant aux Etats-Unis, il est empêché de quitter le territoire américain dans l’attente du procès. Un risque souligné par des avocats américains.

Le conseil d’administration du FMI devait se réunir en urgence dès dimanche soir à Washington pour examiner une situation de crise sans précédent, qui survient à l’approche d’échéances internationales importantes (réunion du G8 à Deauville,sous présidence française) et alors que le Fonds est en première ligne dans la crise de la dette souveraine des pays de la zone euro. Le «paquet» de 78 milliards d’euros destiné au Portugal, que le FMI doit financer à hauteur de 26 milliards, est en cours de validation par les instances de l’Union européenne. Le problème est ouvertement posé d’une rallonge (de 40milliards ?) au secours des 110 milliards déjà alloués à la Grèce, dont le retour sur les marchés financiers espéré en 2012 se révèle illusoire. Une directrice générale adjointe du FMI, l’économiste égyptienne Nemat Safik, participera à la réunion de l’eurogroupe du 16 mai à Bruxelles.

Caroline Atkinson, directrice des relations extérieures du FMI, a publié dimanche matin 15 mai un communiqué laconique : «Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, a été arrêté à New York. M. Strauss-Kahn a pris un avocat et le FMI n’a aucun commentaire à faire sur cette affaire; toutes les demandes seront transmises à son avocat personnel et aux autorités locales.» «Le FMI conserve toutes ses capacités de fonctionnement et reste pleinement opérationnel», a ajouté Mme Atkinson. 
La prime aux hommes politiques
Dans l’immédiat, c’est le premier directeur général adjoint,l’Américain John Lipsky, ancien économiste en chef de la grande banque JP Morgan, qui va assurer l’intérim du directeur général empêché. Mais M. Lipsky venait d’annoncer son départ en août prochain. C’est le doyen du conseil d’administration du Fonds qui devrait prendre en charge très rapidement le dossier de l’avenir du directeur général. En 2008, le représentant du Pakistan A. Shakour Shaalan, toujours en place aujourd’hui, avait diligenté une enquête indépendante (extérieure au FMI) sur les «accusations de comportement inapproprié contre le directeur général» à la suite de la révélation d’une liaison avec une économiste du Fonds de nationalité hongroise, Piroska Nagy. Comme rappelé à l’époque, le risque lié à la «personnalité» de DSK avait été pris «au sommet de l’Etat» et en toute connaissance de cause.

En l’absence de manifestation de harcèlement, favoritisme ou abus de pouvoir, DSK s’en était tiré en présentant des excuses pour une«sérieuse erreur de jugement». «Je suis d’accord avec le Conseil que lecomportement personnel du directeur général donne le ton pour l’institution et je m’engage à l’avenir à respecter les normes rigoureuses dont le respect est attendu à ce poste», avait ajouté Dominique Strauss-Kahn. Dans la nouvelle affaire, les accusations, que conteste le directeur général puisqu’il s’apprêterait à plaider «non-coupable» selon son avocat américain, sont d’une tout autre gravité et l’enquête est entre les mains de la police et de la justice américaines.

Rappelons que l’ancien ministre des finances socialiste était le quatrième français, mais le premier homme politique, à occuper cette fonction prestigieuse et très bien rémunérée, les trois premiers (Pierre-PaulSchweitzer, Jacques de Larosière et Michel Camdessus) ayant été des hauts fonctionnaires et anciens directeurs du Trésor. Abstraction faite des motivations de Nicolas Sarkozy, qui s’est engagé activement derrière une candidature suggérée par le président de l’eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker,  DSK a dû sa nomination à la tête du FMI à deux règles non écrites. La première, remontant aux origines du système de Bretton Woods en1945, veut que le directeur général du Fonds vienne toujours du Vieux Continent, quand «l’organisation sœur», la Banque mondiale, est systématiquement présidée par un citoyen américain (actuellement Robert Zoellick). L’autre pratique, plus récente, veut que les dirigeants politiques réservent désormais ces fonctions internationales de premier rang à l’un desleurs.

Place aux pays émergents
Mais pour l’Europe, le bilan de cette prime aux politiques, sans même attendre l’issue des ennuis judiciaires de l’actuel directeur général, se révèle calamiteux. Difficilement choisi après le rejet d’un premier candidat allemand, Horst Köhler a quitté Washington avant terme pour devenir président de la République fédérale d’Allemagne, poste dont il devait démissionner sur un mouvement d’humeur peu après avoir obtenu un second mandat. Son successeur Rodrigo Rato, ancien ministre des finances espagnol dont le désintérêt pour son travail au Fonds était notoire, repartira encore plus vite pour entreprendre une lucrative carrière de banquier à Madrid.

Les attaches de ces directeurs généraux avec leur scène politique nationale ont créé des difficultés à l’institution. Rato avait été rappelé à l’ordre par les administrateurs du FMI pour avoir assisté à une réunion politique à Madrid. Et depuis des semaines, voire des mois,l’organisation vivait dans l’incertitude sur les intentions du «patron» actuel, dont c’estl’épouse qui avait indiqué à la presse française qu’elle ne souhaitait pasqu’il accomplisse un second mandat. Un vœu désormais exaucé, selon toute vraisemblance.

Si les Européens, dont la participation majoritaire mais dispersée dans le capital du Fonds limite depuis toujours l’influence, avaient voulu s’attacher à remettre en cause le droit de désigner le directeur général du FMI, ils ne s’y seraient pas pris autrement. C’était légalement chose faite, depuis le paquet de réformes de la gouvernance du FMI adopté par la réunion du G20 à Séoul l’an dernier. Mais la perte de ce privilège automatique n’interdisait pas à un excellent candidat européen de concourir. Il y a fort à parier que le prochain directeur général du FMI viendra de ces pays émergents qui assurent désormais l’essentiel de la croissance de la planète et réclament avec insistance d’avoir voix au chapitre de la gouvernance mondiale.

Par Philippe Ries pour « Mediapart »

2 réponses à “Nouvelle «affaire DSK»: le FMI décapité par anticipation”
  1. TF1 news dit :

    Prémonitoire ? Fin avril, devant des journalistes de Libération, Dominique Strauss-Kahn, qui fait actuellement face à des accusations de viol aux Etats-Unis, avait évoqué l’hypothèse d’une possible machination dirigée contre lui. Une machination qui aurait pu, envisageait-il alors, être montée… autour d’accusations de viol. Un entretien qui prend un écho tout particulier ce lundi, et sur lequel Libération revient longuement.

    Prémonitoire ? Fin avril, devant des journalistes de Libération, Dominique Strauss-Kahn, qui fait actuellement face à des accusations de viol aux Etats-Unis, avait évoqué l’hypothèse d’une possible machination dirigée contre lui. Une machination qui aurait pu, envisageait-il alors, être montée… autour d’accusations de viol. Un entretien qui prend un écho tout particulier ce lundi, et sur lequel Libération revient longuement.

    Racontant un déjeuner avec DSK le 28 avril à Paris, Libération écrit ainsi : « DSK se met à imaginer : une femme violée dans un parking et à qui on promettrait 500.000 ou un million d’euros pour inventer une telle histoire ».

    « Le fric, les femmes et ma judéité »
    Interrogé par les journalistes sur les handicaps d’une éventuelle candidature en 2012, il avait répondu : « le fric, les femmes et ma judéité », affirme le quotidien de gauche. « Oui, j’aime les femmes… et alors ? (…) Depuis des années, on parle de photos de partouzes géantes, mais je n’ai jamais rien vu sortir… Alors qu’ils les montrent ! », avait-il ajouté, selon Libération.

    Ces possibles attaques sur « le fric » que DSK disait redouter ont eu lieu récemment : il avait ainsi fait l’objet, ces dernières semaines, de piques d’une partie de la presse française sur son train de vie et son aisance matérielle. Désormais, le voilà accusé d’agression sexuelle aux Etats-Unis.

  2. babelouest dit :

    Le FMI n’est que l’une de ces instances téléguidées par un système qu’elles ne maîtrisent en rien. Les dettes des États, souvent, et en particulier pour les plus pauvres de ceux-ci, sont largement aggravées par ces intérêts qu’ils paient au prix fort, pour rien ; elles proviennent aussi, et surtout, des spéculations sur leurs entreprises, et sur les matières première, que rien ne contrôle. Disons-le fortement, tout capitaliste est un assassin.

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