Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Blog de la section PS Anzin

Pas d'accord sur les retraites complémentaires

8 Mars 2013 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Social

Pas d'accord sur les retraites complémentaires
Cela devait être l'ultime séance de négociation. Mais syndicats et patronat ne sont pas parvenus à s'entendre, jeudi 7 mars, sur les mesures à prendre pour sauver les régimes de retraites complémentaires (Agirc-Arrco). Après une longue journée de négociation, ils se sont séparés en convenant de se retrouver lors d'une nouvelle séance, mercredi 13 mars.

Les partenaires sociaux ne sont d'accord ni sur la hausse des cotisations, ni sur la désindexation temporaire des pensions. Les syndicats étaient certes prêts à accepter que les retraites complémentaires évoluent moins vite que l'inflation pendant quelques années, mais pas autant que l'aurait désiré le patronat. Le Medef réclame ainsi qu'elles évoluent d'un point de moins que l'inflation pendant trois ans.

"DIFFICILE D'ACCEPTER DE TOUCHER AUX PENSIONS"

"Cette désindexation est à la fois trop importante et trop longue", a résumé Jean-Louis Malys, le négociateur de la CFDT, à l'unisson des autres syndicats. Si les syndicats, CGT exceptée, sont prêts à accepter une ponction temporaire du pouvoir d'achat des retraités, ils souhaiteraient la limiter à deux années. "Cela est déjà très difficile pour nous d'accepter de toucher aux pensions", a expliqué M. Malys.

Côté hausse des cotisations, le désaccord était encore plus fort. Les syndicats réclamaient que cette hausse se traduise, au moins en partie, par de meilleurs droits pour les salariés concernés. Mais le patronat ne souhaiterait agir que sur le "taux d'appel", qui, lorsqu'il est augmenté, ne permet d'acquérir aucun droit supplémentaire. "Dans les conditions actuelles, il nous semble difficile de générer des droits en plus", a expliqué Jean-François Pilliard, le président de la commission des affaires sociales du Medef, arguant que "le contexte économique dans lequel sont placées les entreprises est le plus dur depuis la seconde guerre mondiale."

Le patronat a, in fine, accepté que la hausse des cotisations puisse éventuellement se traduire plus tard par une hausse des droits, mais en instaurant des conditions drastiques, comme le "constat d'un recul significatif de l'âge effectif moyen de départ à la retraite" ou la constitution de réserves d'au moins neuf mois de l'Arrco et de l'Agirc. "Dans l'état actuel du texte, nous ne voyons pas comment nous pouvons conclure", a dénoncé Philippe Pihet, pour Force ouvrière, en quittant la séance. Le scepticisme était tout aussi fort chez les quatre autres syndicats (CGT, CFDT, CFTC et CFE-CGC).

LA NÉGOCIATION À VENIR POURRAIT ÉCHOUER

Les régimes de retraites complémentaires ont besoin d'entre 6 et 10 milliards d'euros d'ici à 2017 pour rétablir leur équilibre. L'Arrco a affiché une perte de 1,7 milliard en 2011, l'Agirc une perte de près de 1,8 milliard. Les deux régimes peuvent encore compter sur leurs réserves accumulées lors de périodes plus fastes, mais celles-ci fondent à vue d'œil. L'Agirc les aura épuisée en 2017, l'Arrco en 2020.

Plusieurs négociateurs n'ont pas exclu que la négociation de la semaine prochaine puisse échouer, et qu'ils décident ainsi de renvoyer la balle au gouvernement et à sa réforme des régimes de base, qui devrait avoir lieu cet automne et aura inévitablement des conséquences sur les régimes complémentaires. "Ne rien faire sur les régimes complémentaires et attendre une réforme du régime général ne serait pas responsible", a toutefois protesté M. Pilliard.

Mais le Medef, actuellement déchiré par la volonté de Laurence Parisot de se maintenir à son poste, n'a pas montré une volonté farouche de conclure jeudi soir. Le dernier texte présentait ainsi des conditions trop floues pour être juridiquement applicables et Mme Parisot twittait de l'Olympia, où elle se trouvait pour une soirée contre le cancer, bien avant la fin de la séance de négociation. "La période électorale n'a strictement aucune incidence sur la négociation", a pourtant défendu M. Pilliard.

Les négociations sur les retraites complémentaires sont cruciales, et observées de très près par le gouvernement, qui ne cache pas qu'il pourrait s'en inspirer pour réformer les retraites des régimes de base. A Matignon, on considère en effet qu'une désindexation des pensions est inévitable pour tenter de résorber les déficits, qui devraient dépasser les 20 milliards d'euros en 2017, selon les prévisions du Conseil d'orientation des retraites, en plus d'autres décisions sur le prolongement de l'activité des salariés. Une commission d'experts a été installée mercredi 27 février par Jean-Marc Ayrault. Elle devrait remettre ses propositions en juin.

Jean-Baptiste Chastand

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article