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Blog de la section PS Anzin

Pourquoi Sarkozy attaque Mitterrand

27 Mai 2010 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Information

Nicolas Sarkozy a choisi de politiser le débat sur les retraites.

Un changement de tactique réfléchi après la débâcle des élections régionales de mars dernier.

Il exige de ses proches qu'ils tapent sur l'opposition,

 Il  reprend lui-même ses rencontres de militants UMP,

et il cible ses attaques sur des thèmes d'avant la crise.

 

Nicolas Sarkozy s'est-il trompé de siècle ?

Président de l'UMP
En marge de sa visite dans un collège de Beauvais mardi dernier, le président de l'UMP - et accessoirement de la République - a rencontré un millier de militants UMP, à huis-clos, dans un Palais des Sports fermé aux journalistes. Heureusement, le Figaro était là pour relayer l'image d'un président satisfait et combatif.

Le Monarque est donc apparu content du débat en cours sur les retraites: «Les Français sont râleurs, parfois bougons. Mais en même temps ils sont lucides, intelligents et responsables. Ils sauront reconnaître qu'il n'y a pas d'autre alternative à nos réformes». Cette citation présidentielle peut sembler curieuse. Les conseillers élyséens et Eric Woerth s'échinent à démentir que leurs choix sont arrêtés, qu'il faut laisser sa place à la concertation et à l'échange. Mais les Français, croit savoir Sarkozy, seront de toutes façons convaincus qu'il n'y a pas d'autres alternatives que ses propres propositions. Pourquoi se concerter s'il n'y a aucun choix ? Pourquoi expliquer que rien n'est tranché si la messe est dite ? Le débat était en fait vicié dès le départ. A la fin de l'année dernière, le Monarque l'annonçait comme son chantier principal pour l'année à venir. La réforme des retraites était un sujet en or pour cliver l'opposition sur le funeste sujet de l'âge de départ. Il suffisait de peu pour raviver les divisions entre ceux favorables à son report (Bayrou, DSK) et les autres (Aubry, Front de Gauche, etc). Le piège n'a pas fonctionné. Le débat a rapidement glissé sur la fiscalité, et la juste répartition des prélèvements pour financer la solidarité nationale dont les retraites sont l'un des emblèmes. Eric Woerth a rencontrer tout le monde, sans jamais vouloir dévoiler les options gouvernementales que tout le monde pressentait. A droite, pas un responsable politique n'a omis de rappeler qu'il faudrait travailler et cotiser plus longtemps. Chacun a cherché à disqualifier les propositions de taxations supplémentaires. Mais, épuisés par la polémique sur le bouclier fiscal, Sarkozy et Woerth ont dû lâcher du lest, et promettre une minable contribution exceptionnelle de 600 millions d'euros sur les hauts revenus. Quand Woerth publia enfin ses 14 engagements en matière de retraites, l'opposition socialiste livra ses propositions, rapidement jugées plus équitables dans tous les sondages. Sarkozy s'agace. Il exhorte ses proches de taper sur Martine.

Candidat sans programme

Sarkozy semble surtout à court d'arguments nouveaux. Remplacer le "travailler plus" par un "travailler plus longtemps" ne convainc pas grand monde. Mardi à Beauvais devant ses militants, il a choisi de lancer quelques tacles d'un autre âge contre le parti socialiste : la retraite à 60 ans, instaurée par François Mitterrand en 1983,  serait une erreur. Et «cela irait nettement mieux si les socialistes n'avaient pas fait les 35 heures.» A l'Assemblée nationale, François Fillon s'en est donné à coeur joie pour relayer l'attaque sarkozyenne contre François Mitterrand. Le camp présidentiel s'est-il trompé de siècle ?

Sarkozy rejoue aussi sa partition du président qui travaille (sauf le lundi de Pentecôte), et qui n'aime pas l'insécurité: «Y en a certains, à gauche comme à droite, qui passent leur temps à penser à la présidentielle. Vous ne croyez pas qu'ils ont autre chose à faire ! Moi, mon travail, c'est de sortir les Français de la crise». Ou encore : «Les Français attendent que le président soit au front et pas derrière». On appelle cela «remettre le couvert» (dixit le Figaro).

A la Courneuve, dans la cité des 4000, des dealers sèment toujours la terreur, rapportait 20 Minutes. Où est donc Nicolas Sarkozy ? Mercredi, il assistait aux obsèques de la jeune policière Aurélie Fouquet, tuée le week-end dernier à Villiers-sur-Marne lors d'une fusillade de gangsters. Le président est toujours là pour prononcer les éloges funèbres de policiers ou soldats morts en service, et remplacer les actes par des discours. «Dans son esprit, la sécurité, c'est toute une chaîne» pouvait-on lire dans le Figaro. Les conseillers de l'Elysée ne savent plus quelle formule trouver.

On cherche vainement quelques bonnes nouvelles de l'action gouvernementale. Hervé Novelli s'est ainsi félicité, une nouvelle fois, du succès du statut d'autoentrepreneur. Les 338000 autoentrepreneurs inscrits avant le 31 décembre 2009 ont déclaré aux Urssaf un chiffre d'affaires global de 934 millions d'euros. dans le détail, à peine un autoentrepreneur sur deux a déclaré un revenu. La formule plaît, même si elle ne créé pas d'emploi. Hervé Novelli a surtout des idées très sérieuses sur les retraites. Les mêmes que le Medef. Malgré la crise financière, il aimerait qu'on ne néglige pas la piste de la retraite par capitalisation. Suggérer le soutien aux fonds privés d'épargne quelques mois après la quasi-faillite du système est surprenant. La proximité du secrétaire d'Etat au Commerce avec les milieux patronaux en devient troublante. Son directeur de cabinet vient d'être recruté par le Medef pour sa direction générale. Le pantouflage public-privé, en pleine mandature, ne choque plus personne.

Mardi, son collègue Eric Woerth a confirmé ce que tout le monde savait déjà, le report de l'âge de départ à la retraite. «Si on veut résoudre les difficultés de nos régimes d'ici à 2020 et augmenter la durée d'activité dans les prochaines années, il faut agir sur l'âge légal de départ à la retraite». Il n'a pas précisé de combien d'années il souhaite ce report. A l'UMP, on évoque un minimum de 62 ans. Il y a deux ans, le président français expliquait encore publiquement qu'il ne toucherait pas à l'âge de départ en retraite. A l'époque, il n'avait «pas de mandat pour cela.» Effectivement, son programme de candidat mentionnait explicitement que «le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer».
Que s'est-il donc passé ?

 

Sarkofrance

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