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Blog de la section PS Anzin

Prince-sans-rire

26 Juin 2010 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Information

Le blog de Bernard Roman,Député du Nord 

 

La semaine dernière, Nicolas Sarkozy est intervenu dans le dossier des repreneurs du quotidien Le Monde. Dans quelques jours, il va choisir le nouveau président de France Télévision.

L'année dernière, il a désignécelui de Radio-France et par ricochet celui de France-Inter.

 

 

 

Depuis 2009, le président de la République a décidé de nommer directement les présidents de l'audiovisuel public.

 

Ce mode de désignation est à l'origine de la crise qui secoue aujourd'hui le service public de la radio, et qui pourrait guetter celui de la télévision. Le recul de la liberté d'expression était inscrit dans les faits à partir de cette reprise en main du service public.

 

Deux humoristes qui avaient la particularité de faire rire tous les matins deux millions d'auditeurs ont été licenciés brutalement. Certes, ils savaient qu'ils avaient déplu. Mais enfin, faire rire n'était pas interdit. Désormais, ça l'est. Dans une radio dont les dirigeants sont nommés ou choisis par le chef de l'Etat, c'est un effet secondaire du fait du prince. Prince-sans-rire, apparemment, qui n'apprécie pas l'humour au petit déjeuner.

 

Desproges et Coluche seraient aujourd'hui censurés. Ils ne faisaient pas toujours dans la finesse, et pourtant nous les regrettons encore et leurs sketches n'ont pas pris une ride. L'humour est la politesse du désespoir, disait Boris Vian. Intercaler l'éclaircie du rire entre les nuages sombres de l'actualité, c'est une idée plutôt salutaire.

 

L'arbre ne doit d'ailleurs pas cacher la forêt. Certaines émissions emblématiques de la radio publique semblent également passer à la trappe. Désormais, le service public de l'information à la radio, ce sera du lisse: rien qui dépasse, aucune aspérité.

 

Face à cette dictature du politiquement correct dans une radio qui nous a invités à « écouter la différence », la liberté d'expression doit être défendue et le combat des journalistes de la station soutenu.

 

Désormais, ce sera « écoutez la révérence ».

Fini, l'étincelle du chansonnier, du bouffon, dans la grisaille du matin. Terminé, le commentaire au deuxième degré. Bye bye, la caricature et l'irrévérence. Qui se souvient qu'à l'époque de l'affaire des caricatures de Mahomet, Nicolas Sarkozy assurait préférer un excès de caricature à la censure, et Philippe Val, alors directeur d'un journal qui alliait à merveille l'information et la satire, écrivait que « en censurant les caricatures, la démocratie s'affaiblit ».

On ne peut mieux dire.

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