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Blog de la section PS Anzin

Quand Sarkozy se tire une balle dans le pied

25 Février 2012 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Présidentielle 2012

Nicolas Sarkozy, artisan de sa propre défaite ? Telle est l'hypothèse avancée par Elie Arié, qui revient sur les fautes de parcours du président et notamment la dernière révision constitutionnelle, dont les effets pourraient jouer à l'encontre de celui qui l'a initié.


(Nicolas Sarkozy - Flickr - Vectorportal - cc)
(Nicolas Sarkozy - Flickr - Vectorportal - cc)

 

Cette campagne électorale présente une particularité assez originale : Nicolas Sarkozy, le Président sortant, un des principaux candidats — qui sera certainement présent au deuxième tour — a perdu toute crédibilité, quoi qu’il dise.
Cela tient à une situation tout à fait inédite due à la conjonction de trois éléments, qu’il aurait tout de même pu prévoir, car aucun d’entre eux n’est nouveau :
 
– les sondages le donnent, depuis plus de deux ans, battu au deuxième tour, quel que soit son adversaire socialiste (Dominique Strauss-Kahn, François Hollande ou Martine Aubry) ;
 
– face à ce constat, il a commis l’erreur de n’entrer véritablement en campagne qu’à deux mois du scrutin. Ce qui le condamne aujourd’hui, pour renverser la situation en sa faveur, à « frapper un grand coup », à sortir de son chapeau un lapin imprévu qui pourrait faire tout basculer soudainement — ce qui est bien rare en politique. Obnubilé par les instituts de sondage qui répètent, chiffres à l’appui, qu’une élection se joue dans les deux derniers mois, il a oublié, contrairement à François Hollande, qu’une victoire et une « image » se construisent dans la durée.
 
– Du fait de la réforme constitutionnelle qu’il a fait voter, Nicolas Sarkozy se trouve dans une situation sans précédent : s’il est élu, ce quinquennat sera son dernier, et, à son terme, marquera la fin de sa vie politique (nous ne sommes pas en Russie, où un Poutine peut alterner indéfiniment aux postes de Premier Ministre et de Président) ; de ce fait, il n’est tenu par aucune des promesses qu’il peut faire aujourd’hui, et tout le monde le sait.
 
Ce troisième point a pour effet d’annuler toute sa stratégie de « coup de théâtre in extremis» : quoi qu’il dise, chacun sait qu’aucune crédibilité ne peut être accordée à ses trouvailles de dernière minute, aussi géniales et inattendues soient-elles.

Certes, il y a longtemps que Charles Pasqua a dit que « les promesses n’engagent que ceux qui les croient » ; certes, Jacques Chirac, en 1995, lorsqu’il était donné perdant contre Balladur avant de trouver son thème de campagne de la « fracture sociale », avait lancé à son entourage « Je vous étonnerai par ma démagogie ».
Nul dout qu'aucun candidat à aucune élection ne peut tenir toutes ses promesses, et, dans les années 1955, le Canard Enchaîné avait créé un concours, avant chaque législative, sur le thème de « Qui trahira le premier ? », et le vainqueur était en général proclamé dès la première semaine suivant l’élection.
 
Mais jamais un président de la République sortant et candidat à sa succession ne s’était mis, par la réforme constitutionnelle qu’il a lui-même fait voter, dans cette situation étonnante de ne pas pouvoir être cru quoi qu’il promette — fût-ce sincèrement — et d’inverser le fameux adage en le transformant en un inédit « plus c’est gros, moins ça passera », alors que seul quelque chose de très « gros » pourrait lui sauver la mise.
 
Il faudra qu’un jour les historiens analysent à tête reposée comment cet « animal politique », doué d’un flair jusque là remarquable  qu’est Sarkozy, entouré de la crème des politologues et analystes de l’opinion publique (Patrick Buisson, Pierre Giacometti, etc), aura progressivement, méthodiquement et inconsciemment construit lui-même le piège mortel dans lequel il se trouve enfermé aujourd’hui.

Nul doute qu’ils auront alors recours aux psychanalystes et à leur « désir de perdre », assez puissant pour y entraîner tout son entourage dont il aura anéanti toutes les compétences... 
« Jupiter rend fous ceux qu'il veut perdre. »
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