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Blog de la section PS Anzin

Qui veut lyncher Benoît Hamon?

13 Octobre 2009 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Information

Mardi 13 octobre 2009
Le porte-parole du PS apparaît finalement comme la principale victime de l'affaire Mitterrand. Ce n'est pas le ministre de la Culture qui est menacé, mais celui qui a osé dire qu'il était choqué par ses écrits. Le monde à l'envers? 
(photo medef-flickr-cc)
(photo medef-flickr-cc)
NON   NON   NON   NON ET NON...


Benoît Hamon sera-t-il encore porte-parole du Parti socialiste mercredi ? Selon la journaliste en charge du PS à France Inter, sa tête est désormais mise à prix suite à l’affaire Mitterrand.

Qui est vraiment lynché à la suite de la polémique déclenchée par Marine Le Pen depuis le lundi 5 octobre? Frédéric Mitterrand, comme affectent de le croire la plupart des éditorialistes ? Non bien sûr, et d’ailleurs peut-on prétendre être lynché en disposant, en trois jours, du JT de TF1, de l’émission de Drucker, du JDD et de Libération pour répondre à ses détracteurs ?

Il faut se rendre à l’évidence : un lynchage peut en cacher un autre, et le vrai lynché de l’affaire Mitterrand s’appelle Benoît Hamon.

De quoi est-il coupable ?

De parler au nom d’une certaine morale. Or, depuis plusieurs années, les socialistes ont pris l’habitude d’accoler le mot « ordre » à l’adjectif « moral ». Bernard-Henri Lévy désigne ainsi Hamon commissaire-divisionnaire d’une « nouvelle brigade des mœurs », le tenant d’une morale que n’oseraient plus défendre, aujourd’hui, que les Marine Le Pen ou les « Pères et Mères la pudeur » comme « Philippe de Villiers ou Christine Boutin ».  Ce qui a de nouveau est que Frédéric Mitterrand a réussi le tour de force de réconilier BHL et Henri Guaino qui, le premier est monté au front pour défendre le ministre de la Culture.

Le philosophe rejoint en cela Eric Besson qui avait ironisé : « Voir Benoît Hamon, en une semaine, passer de porte-parole du Parti socialiste à porte-parole de Marine Le Pen, c'est une régression redoutable ».

Qu’on ne s’y trompe pas : ce point de vue dépasse largement l’étrange attelage du philosophe de gauche et du ministre inclassable. Il est au contraire assez largement partagé par l’élite intellectuelle et politique française, d’Eric Fottorino, le patron du Monde à Alain Finkelkraut.

Une élite qui pense contre une bonne partie des Français. Certes, selon un sondage réalisé par BVA pour Canal Plus la semaine dernière, 67% des personnes interrogées ne souhaitent pas « personnellement la démission de Frédéric Mitterrand ». Mais n’aurait-il pas été plus « franc du collier » de demander : « Etes vous d’accord avec Marine Le Pen pour exiger la démission du ministre ? » Ils ont pourtant été 20% à répondre oui, ce qui déjà double les scores habituels du Front national.

Maintenant, imaginez que nos sondeurs aient demandé : «Pensez vous comme Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Manuel Vals, que Frédéric Mitterrand ne peut pas être ministre compte tenu de ses écrits?» Croyez-vous une seule seconde que le score n’eut pas été inversé ?

Il suffit de lire les commentaires des articles parus en ligne un peu partout sur le sujet, d’écouter ce qui se dit dans les émissions de radio ouvertes aux auditeurs, pour comprendre qu’il se trouve peu de gens pour estimer, comme BHL et ses amis, que dans cette affaire Frédéric Mitterrand est la victime.

Peu importe que ni les féministes (qui sont souvent des mères de famille aujourd’hui) ni les associations homosexuelles n’aient pris la défense d’un ministre qui gêne en réalité leurs batailles  — pour l’adoption par les couples homos ou pour une répression plus dure de la pédophilie et du tourisme sexuel. Peu importe que bien des personnes issues des pays du Sud ne supportent pas que l'on gomme la dimension politique du tourisme sexuel en l'utilisant comme un faire valoir littéraire.
Pour cette «gauche-là», qui va de BHL à Besancenot, la morale est toujours rétrograde. Et la morale dite «populaire» toujours puante. C'est en effet le nouveau créneau de ces petits marquis de gauche : le peuple peut penser de travers, lyncher au nom de bas instincts. Comme si, depuis Staline et Mao, on ne le savait pas!

Hamon aurait donc dû se taire et rejoindre le grand consensus de solidarité avec Polanski et tous les hérétiques sexuels que l’on rhabille un peu vite en Baudelaire du XXI° siècle. Il aurait dû, donc, comme ses aînés, abandonner le peuple au Front national. La gauche devrait le remercier pour avoir dit non. Elle risque au contraire de l’ostraciser. Au fait, si Hamon n’est plus porte-parole du PS, ses dirigeants disposent d’un remplaçant tout trouvé. Qui pense plus vite que les autres. Qui passe bien à la télévision et dispose d’un prestige international et d'une voiture avec chauffeur. Son nom ? BHL ! Chiche!

Bénédicte Charles et Philippe Cohen - Marianne 2 | Mardi 13 Octobre 2009
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