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Blog de la section PS Anzin

Retraites: Sarkozy lâché par l’opinion

7 Septembre 2010 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Information

Retraites: Sarkozy lâché par l’opinion

La réforme portée par le chef de l’Etat est considérée comme injuste par la majorité des Français, qui devraient manifester en nombre aujourd’hui.

Par François Wenz-Dumas

Le président Nicolas Sarkozy, le 3 septembre.

Le président Nicolas Sarkozy, le 3 septembre. (© AFP Eric Feferberg)

  •  Qu’il y ait aujourd’hui 1, 2 ou 3 millions de manifestants dans la rue, Nicolas Sarkozy a déjà perdu une bataille : celle de l’opinion. Toutes les enquêtes convergent : les Français, très majoritairement, approuvent cette journée de mobilisation. A 63% selon un sondage BVA pour M6 (1). A 70% pour l’Ifop dans Ouest France ce dimanche (2). Et même à 73% d’après une enquête Obea-Infraforces commandée par France Info et 20 Minutes (3).

Certes, les mêmes enquêtes montrent que les personnes interrogées pensent qu’une réforme est inéluctable. Elles considèrent (à 65% selon Obea-Infraforces) que la journée d’action «n’aura pas d’impact sur les projets du gouvernement». Et ils sont 48% à estimer que si la gauche gagne la présidentielle, elle ne reviendra pas sur la réforme.

Mais le reproche que font les Français au gouvernement n’est pas de réformer. C’est de le faire en creusant les injustices. En juin, ils étaient entre 52% et 66%, selon les instituts, à considérer la réforme comme «injuste». Trois mois et une campagne de communication à 7 millions d’euros plus tard, ils sont encore 67% (Ifop) à trouver que les mesures proposées ne sont «pas justes».

«Habileté». Le gâchis est d’autant plus évident qu’il y a à peine trois ans, une autre réforme des retraites avait été menée avec le soutien de l’opinion : celle des régimes spéciaux. La mobilisation des cheminots, électriciens, gaziers, conducteurs de métros et d’autobus aurait très bien pu contraindre le gouvernement à reculer, comme avait été obligé de le faire Alain Juppé en décembre 1995. Mais l’exécutif avait en 2007 le soutien de l’opinion, qui ressentait la persistance des régimes spéciaux comme une injustice à l’égard de tous les autres salariés.

«En 1995, il y a eu la conjonction de mouvements sociaux bloquants et d’un soutien massif des gens, qui faisaient grève par procuration, rappelle le politologue Stéphane Rozès, directeur de Conseils, analyses et perspectives. Cette fois-ci, et c’est toute l’habileté de Raymond Soubie, [le conseiller social de Nicolas Sarkozy], le soutien de l’opinion ne s’accompagne pas d’un mouvement social bloquant.»

Au-delà des aménagements à la marge que l’exécutif s’apprête à concéder aux syndicats pour qu’ils ne rentrent pas totalement bredouilles (lire page 4), l’hypothèse d’un retrait pur et simple du projet est très improbable. «Les dégâts seraient encore plus graves s’il lâchait en rase campagne, analyse François Miquet-Marty, directeur de l’institut Viavoice. Il doit montrer à l’électorat de droite qu’il a été capable de mener cette réforme difficile.»

Désamour.«On ne peut pas préjuger de ce que peut devenir ce mouvement s’il prend de l’ampleur, tempère Denis Muzet, président de Médiascopie. Le contexte a totalement changé avec l’affaire Woerth-Bettencourt. Celui qui porte le projet est devenu l’incarnation de l’injustice. Les gens ont beau se dire qu’une réforme des retraites est indispensable, le fait qu’elle soit portée par un monsieur ayant fait le jeu d’une milliardaire qui profite du bouclier fiscal le disqualifie. C’est devenu insupportable pour les gens.»

«L’affaire Woerth-Bettencourt, plus que la réforme des retraites, peut avoir un coût électoral important pour Nicolas Sarkozy, estime Stéphane Rozès. Venant après le Fouquet’s, le yacht de Bolloré, les affaires de cœur, c’est la cerise sur le gâteau qui vient conforter les gens dans l’idée que cette réforme n’est pas juste. Cela choque un électorat de centre droit, légitimiste, qui le soutenait sur le travailler plus mais avec qui la rupture est consommée.»

Plus inquiétant encore: un électeur de droite sur trois, et 54% des plus de 64 ans, pourtant majoritairement à droite, soutiennent la mobilisation. Le staff élyséen essaie de se persuader que ce désamour n’a rien d’irréversible (lire page 3). Mais la pente risque d’être dure à remonter.

(1) Réalisé les 3 et 4 septembre auprès de 1 023 personnes.

(2) Sondage réalisé les 2 et 3 septembre auprès de 957 personnes.

(3) Réalisée du 25 au 31 août auprès de 1 005 personnes.

 
Liberation.fr
 
A l'Elysée grève aussi !
 
Grève de lucidité à 100%.
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