Sarkozy défend l'identité nationale, dénonce les "provocations" religieuses

 

Sarkozy défend l'identité nationale, dénonce les "provocations" religieuses

Par AFP, publié le 08/12/2009 à 21:56 - mis à jour le 08/12/2009 à 22:01

PARIS - En plein coeur d'un débat menacé de dérapage et critiqué à gauche comme à droite, Nicolas Sarkozy a défendu mardi sa conception de l'identité nationale comme "antidote au communautarisme" et a mis en garde contre toute "provocation" dans les pratiques religieuses.

AFP/Archives/Gérard Julien

Nicolas Sarkozy, le 1er décembre 2009 à La Seyne-sur-Mer

Avant que les députés n'entrent dans la discussion mardi soir, le chef de l'Etat, qui avait laissé vendredi son Premier ministre François Fillon s'exprimer à sa place, est sorti de son silence dans une tribune au quotidien Le Monde pour tenter de la recadrer.

Très attendu sur la question qui a enflammé le débat en France, Nicolas Sarkozy s'est refusé à critiquer le vote des Suisses contre les minarets, estimant qu'il reflétait des "préoccupations" largement partagées.

"Au lieu de condamner sans appel le peuple suisse, essayons aussi de comprendre ce qu'il a voulu exprimer et ce que ressentent tant de peuples en Europe, y compris le peuple français", qui "sont accueillants, sont tolérants (...) mais ne veulent pas que leur cadre de vie, leur mode de pensée et de relations sociales soient dénaturés", a-t-il écrit.

Il ne s'est pas prononcé clairement contre les minarets mais a appelé tous les croyants à "se garder de toute ostentation ou de toute provocation".

S'il a assuré aux Français musulmans qu'il ferait "tout pour qu'ils se sentent des citoyens comme les autres", il les a avertis que "dans notre pays où la civilisation chrétienne a laissé une trace aussi profonde (...) tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l'échec l'instauration si nécessaire d'un islam de France".

Une allusion au port de la burqa, dont il avait déjà dit à la mi-novembre, qu'elle n'avait "pas sa place" en France.

Nicolas Sarkozy s'en est aussi pris aux "réactions excessives" suscitées par le vote suisse, qui cachent une "méfiance viscérale pour tout ce qui vient du peuple", comme celles "qui ont accueilli le rejet de la Constitution européenne en 2005".

"Comment s'étonner du succès des extrêmes quand on ne prend pas en compte la souffrance des électeurs", s'est interrogé le président, en reprenant l'argumentaire de sa campagne présidentielle de 2007 qui lui avait permis de rallier de nombreux électeurs du Front national.

Il a justifié une nouvelle fois le débat sur l'identité nationale, un "antidote au tribalisme et au communautarisme".

Contre le "communautarisme", défini comme le "choix de vivre séparément", il a défendu le "métissage" et "la volonté de vivre ensemble", insistant sur l'obligation de "respecter ceux qui arrivent" comme "ceux qui accueillent".

La mise au point présidentielle, au moment où le débat sur l'identité nationale est de plus en plus controversé, n'a pas calmé les critiques à gauche, ni les inquiétudes de certains à droite.

"Instrumentaliser ce débat à des fins électorales, c'est la caractéristique objective du pouvoir actuel", a jugé Benoît Hamon (PS), dénonçant "un amalgame entre immigration et islam". "Un acte d'escalade dans les surenchères identitaires franchouillardes", a tonné Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche).

"Il essaie de corriger le tir mais le mal est fait", a estimé Jean-Marc-Ayrault (PS). Roland Muzeau (PCF) s'est ému que le président, avec "la stigmatisation de l'islam", renforce "les ultras de sa majorité".

A droite, certains, comme Maurice Leroy (NC), ont craint "un effet boomerang" aux régionales, d'autres, comme Jean-François Copé (UMP), défendant "un rendez-vous de réflexion humaniste".

Marine Le Pen (FN) a dénoncé le "métissage" prôné par Nicolas Sarkozy.

L' Express.fr