Sarkozy veut jouer au monarque social... plus tard.
Sarkozy veut jouer au monarque social... plus tard.
Nicolas Sarkozy a un agenda international « chargé ». C'est pour cela qu'il ne peut pas s'occuper de ses concitoyens, traiter l'inquiétude
sociale, remanier aussi vite qu'il le voudrait le gouvernement. Il lui faut du temps. Comprenez-le. Jean-Louis Borloo, pressenti favori pour succéder au poste inutile de premier ministre, nous
explique également qu'il a autre chose à faire que de commenter l'impatience médiatique sur le remaniement. En coulisses, il ne pense qu'à cela, mais chut !
Sarko se barre....
Nicolas Sarkozy a échappé à un attentat. Selon
la police grecque, un colis piégé intercepté le 1er novembre u siège d'une société de courrier à Athènes était destiné à Nicolas Sarkozy. En Turquie, un attentat a fait 22 blessés. Le gouvernement l'a attribué au PPK, qui a démenti. Aux
Etats-Unis, deux colis piégés ont été également interceptés en provenance du Yémen. Après le message d'Oussama Ben Laden, authentifié jeudi dernier, contre la France, la menace terroriste se
précise-t-elle ? L'occasion était trop belle. Vendredi déjà, Sarkozy s'était fendu d'un « la France ne se laisse pas dicter sa politique par des terroristes.» Dimanche à Paris, son
porte-parole en a rajouté : « Les événements de ces dernières heures montrent la réalité de la menace terroriste », a déclaré Luc Chatel sur
France 5. « Il y a moins d'un mois, on accusait le gouvernement presque d'en faire trop sur ce terrain. Malheureusement, le gouvernement avait raison.» Le reproche fait au
gouvernement à l'époque était de médiatiser la menace terroriste avant que celle-ci de ne matérialise.
L'actualité internationale ne se résume pas à cela. Sarkozy nous l'a bien fait comprendre, vendredi à Bruxelles, lors de sa courte conférence de presse à l'issue du
Conseil européen: il a un agenda international « extrêmement
chargé », si chargé qu'il ne faut pas l'agacer à lui demander d'agir en France. Le remaniement attendra, les réformes sociales (lesquelles ?) également.
Lundi 1er novembre, Toussaint oblige, il était
... en congés. Mais mardi, il
file à Londres, pour un sommet Franco-britannique. Le président prépare son futur G20 comme un écolier sa rentrée des classes : après Angela Merkel à Deauville, voici David
Cameron à Londres, puis le président chinois Hu Jintao à Nice jeudi et vendredi.
Borloo s'y croit
Borloo « soigne son profil social. » Dans la presse, mais dans la presse uniquement, on n'en finit pas de commenter ce futur, prochain, probable remaniement. De multiples
conseillers dans l'ombre détaillent à l'envie les avantages des candidats potentiels, annoncent que l'action du prochain gouvernement sera sociale. Vraiment ?
Interrogé par Anne-Sophie Lapix dans Dimanche+ le 31 octobre, le ministre du développement durable avait surtout soigné son look : costume repassé et nouvelle coupe
de cheveux (« D'abord, on dit que je suis pas bien coiffé, puis que je suis trop bien coiffé »), il voulait visiblement apparaître premier-ministrable. Mais à quoi bon ? Quelqu'un
l'a-t-il prévenu que le poste est sans objet ni responsabilité depuis le 7 mai 2007 ? Nicolas Sarkozy l'a vidé de sa substance? L'équilibre des institutions est rompu. Hier responsable et
contrôlé par l'Assemblée nationale, le gouvernement est aujourd'hui un ensemble de « collaborateurs » ne répondant du Monarque élu, mais institutionnellement irresponsable au nom de la
séparation des pouvoirs.
Dimanche, Borloo faisait semblant d'être au-dessus de la mêlée. Les rumeurs sur le prochain gouvernement ? « C'est un débat inélégant.»
L'inquiétude sociale ? « Plus il y a des crises, plus il y a un besoin de justice sociale. Il faut tendre la main aux
plus fragiles. » A l'Elysée, on est content de Borloo. L'inévitable Charles Jaigu, journaliste au Figaro qui
recueille toujours l'information à la meilleure source, relate ainsi combien Borloo est toujours le cheval favori de Sarkozy pour son prochain gouvernement. « Il a été bon à Marseille, il est
sur tous les médias, et il fait le job » a ainsi confié un conseiller anonyme qui s'appelle Franck Louvrier. « Borloo premier ministre, cela permet de mettre en route un programme choc
dans les banlieues et pour l'accession sociale à l'habitat, ou encore pour traiter avec les partenaires sociaux et le patronat la question de l'emploi des seniors. » ajoutait un autre
conseiller, cette fois-ci du ministre pas candidat à la tête du gouvernement...
Social, vous avez dit social ?
La nouvelle séquence sociale qu'on nous promet depuis le fiasco des retraites ressemble avant tout une belle tartufferie. Au-delà de la réforme des retraites, il n'y a qu'à
observer le comportement du camp présidentiel.
Les députés UMP ont voté un amendement de leur groupe allégeant les amendes à l'encontre des employeurs de travailleurs clandestins : la fermeture d'un
établissement est désormais plafonnée à 3 mois, l'exclusion de l'entreprise des contrats publics est également plafonnée à 6 mois (contre 5 ans
auparavant). Elle est comme cela l'UMP... Forte contre les faibles, faible avec les forts.
Autre saloperie injustice, les sans-papier devront payer pour bénéficier de l'aide médicale
d'Etat. Cette mesure a été suggérée par Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, au printemps dernier. Actuellement, un travailleur clandestin en France depuis plus de 3 mois et
disposant de moins de 634 euros de ressources mensuelles peut recevoir des soins gratuits (comme un Français). Le 28 octobre dernier, des députés UMP ont déposé un amendement au projet de
financement de la Sécu fixant un forfait de 30 euros, sous la forme d'un
timbre fiscal. Avec de forfait, les députés UMP espèrent ... 6 millions d'euros d'économies. Une broutille mais un symbole. La mesure est stupide. L'absence de soins est collectivement plus
risquée (risque de pandémie).
Nadine Morano,
secrétaire d'Etat à la Famille, a bataillé ferme à l'Assemblée, lors de l'examen du
budget de la sécurité sociale 2011 (PLFSS), pour ... réduire les aides familiales : la rétroactivité de trois mois pour l'aide personnelle au logement a ainsi été
supprimée pour 240 millions d'euros d'économie. Elle voulait aussi faire voter, en vain, le report du versement de la Prestation accueil du jeune enfant (Paje, quelque 178 euros mensuels) au mois
suivant la naissance pour 64 millions d'économie espérés. Pour se justifier, la ministre parle de « mesures d’harmonisation », et évoque le chiffre de 100 milliards d'euros qui seraient
consacrés à la politique familiale en France… L'opposition put rappeler diverses
mesures antisociales du gouvernement Sarkozy : en 2008, la suppression de la majoration pour quotient familial, avec effet en 2009 ; en 2009, le report de la majoration des allocations familiales
de onze à quatorze ans; en 2010, le gel des prestations familiales. Quant au montant de 100 milliards, il est difficilement vérifiable : en 2009, les dépenses de la branche famille de la Sécu
étaient de 58 milliards d'euros. Elles ont été ramenées à 53 milliards en 2010, et à 55 milliards en 2011.
Globalement, le projet de budget de la Sécu, finalement adopté la semaine dernière par les députés UMP et Nouveau Centre, prévoit 300 millions d'euros d'économies
via des nouveaux déremboursements prévus sur les médicaments à
30%, « à intérêt thérapeutique mesuré ». Mais ce n'est pas tout.
Au total, toutes branches confondues, le budget des différents régimes de la Sécu s'élèvera à 434 millions d'euros l'an prochain. A simple titre de comparaison, le
nouvel Airbus A330 de Nicolas Sarkozy, qui effectue actuellement un tour du monde pour se roder, coûte... 176 millions d'euros, auxquels s'ajoutent la trentaine de millions d'euros d'aménagement
nécessaire à l'aéroport de Vélizy-Villacoublay (Ile-de-France).
Lagarde distrait
En 2012, que restera-t-il de la mandature Sarkozy ? Ses mesures économiques sont une à une désossées : la défiscalisation des intérêts d'emprunt immobilier ?
Coûteuses et inutiles ! Le bouclier fiscal ? Un boulet électoral ! La défiscalisation de l'ISF en faveur des PME ? Trop d'abus ! Ce lundi 1er novembre, le secrétaire d'Etat au Commerce et à
l'Artisanat Hervé Novelli a reçu un
rapport commandé à la mi-septembre sur les soldes flottantes, l'une des mesures phares de la fameuse loi de modernisation de l'économie (LME) de 2008. A l'époque, Christine Lagarde
vantait les avantages de sa loi pour le pouvoir d'achat. Elle s'était pointée elle-même au BHV en avril 2009 pour inaugurer
son dispositif. Mais cette mesure a faussé les repères, troublé les consommateurs, favorisé les grandes enseignes aux détriments du petit commerce.
La ministre Lagarde, elle, est passée à autre chose : son dada de la semaine est le surendettement des ménages. Neuf millions de Français sont endettés pour leur
consommation, dont 778 000 en état de surendettement (+15% entre 2009), et de 44 763 euros en moyenne (+31% en
un an).
Ces mesures, votées en juin, sont entrées en vigueur le 1er novembre. En fait, le dispositif gouvernemental ne lutte pas contre le surendettement mais contre
ses désagréments : les ménages surendettés pourront plus facilement sortir du fameux fichier national des incidents de paiement. Christine Lagarde espère voir 120 000 familles
sortir de ces statistiques, en accélérant le traitement des dossiers par la Banque de France (« la majorité des procédures de rétablissement personnel iront trois fois plus vite »
expliquait la ministre au Parisien) et en réduisant la durée d'inscription dans le fichier (de dix ans à cinq ans pour les personnes qui étaient en plan de surendettement, et de
huit à cinq ans pour celles en procédure de rétablissement personnel). La loi veut aussi davantage protéger les victimes de surendettement : suspension des poursuites des créanciers dès
l'acceptation par la commission de surendettement, interdiction de clôture des comptes bancaires, etc...
Mais que la loi promet-elle contre les causes du surendettement ? Et bien... pas grand chose. Lors du débat parlementaire, des associations avaient critiqué la faiblesse du volet préventif, alors que le nombre de foyers surendettés ne cesse de progresser
chaque année : 70.000 dossiers déposés chaque année entre 1991 et 1995, 100.000 en 1998, 140.000 en 2002, 200.000 en 2008.
2 commentaire(s):
elmarido a dit…
sarko: j'ai vu la vidéo. il refuse de répondre à la 1ère question du journaliste, il s'emporte sur sa 2ème (ah bon un président n'a pas à commenter
le vol d'ordinateurs de journalistes? liberté de la presse tout ça, il connaît?), puis d'une litote "j'ai un calendrier international très chargé" (alors qu'il a fait des pieds et des mains pour
l'avoir) il met fin à la conférence de presse la plus courte de l'histoire vu qu'il n'avait rien à dire. Pathétique.
borloo: un analyste disait "pour sarko deux choix. soit il se recentre et prend un 1er ministre ultra droite comme hortefeux, soit il prend un
centriste comme borloo et c'est lui qui fera le méchant flic". Voilà, je crois que grenoble n'était qu'un apéritif...
sinon mon avis sur borloo: insignifiant, lâche, nul, passe bien à la télé, inutile. donc parfait pour le poste dont sarko a retiré toute la substantifique
moelle...
social: il y en a encore qui croient que ce gouvernement a envie de faire du social? toutes ses réformes ne sont que des reculs des avantages
sociaux. il n'a fait en 3 ans que 2 choses: baiser les petits et servir la soupe aux gros...
lagarde: démarche typique d'un énarque. si tu sors des statistiques on ne peut plus rien faire pour toi, et donc il n'y a plus de problème. même
chose pour le comptage des chômeurs, etc...
euh, j'ai un doute, "pathétique" je l'ai déjà dit?
Anonyme a dit…
Salut,
je ne comprends pas bien la comparaison entre le budget des différents régimes de Sécu (434 milliards et non millions) et le coût de Air Force UN. Tu voulais
peut-être comparer avec les économies prévues dans le prochain budget de la sécu? Je t'ai mis en lien sur mon mur. Bravo pour tes synthèses.
Marianne2