Abderrahmane Dahmane a payé pour avoir traité Jean-François Copé de «peste» jeudi lors de la réunion organisée à la Mosquée de Paris contre le débat sur l’islam.
Vendredi, le conseiller technique chargé de l’intégration de Nicolas Sarkozy, par ailleurs président du Conseil des Démocrates musulmans de France (CDMF), a reçu un coup de fil de Christian Frémont, directeur du cabinet du Président de la République, lui annonçant son limogeage.
«Il m’a rendu un grand service parce qu’il m’était difficile de continuer à être à l’UMP alors que la communauté musulmane est traînée dans la boue», contre-attaquait Dahmane vendredi.
Cette sanction intervient alors que, jeudi, Abderrahmane Dahmane avait pris soin d’enfoncer Copé tout en ménageant son mentor : «Ce débat, voulu par Nicolas Sarkozy pour la défense des musulmans a été dévié parce qu’à l’UMP il y a des gens très proches du Front National», avait-il déclaré.
L’ex-conseiller à l’intégration de Sarkozy va-t-il devenir le nouveau héraut de la cause musulmane ? Il veut le croire : «Ce que j’ai gagné dans cette affaire, c’est ma dignité. Aujourd’hui j’ai toute la communauté musulmane avec moi. Dans les jours qui viennent, je vais aller d’une ville à l’autre pour faire campagne contre Copé et le débat sur l’islam».
Ses relations avec Sarkozy sont plus difficiles mais il avait soutenu le projet du chef de l’Etat d’interdire le port du voile intégral. Cette proximité avec le pouvoir fait que la crédibilité de ces deux leaders communautaires, auprès des musulmans, est modeste.
De surcroît, la Mosquée de Paris se trouve au centre d’une polémique pour avoir certifié halal des saucisses de volaille knacki Herta qui contiendraient du porc.
La mise en scène de la protestation, très médiatisée, a été spectaculaire, Abdallah Zekri, l’un des dirigeants de la Mosquée a déchiré sa carte de l’UMP et appelé «tous les musulmans» à l’imiter.
Malgré la méfiance que leur inspirent Boubakeur et Dahmane, le coup de gueule de jeudi a impressionné les musulmans. «Si la Mosquée de Paris se réveille, c’est que la situation est très grave», relève Mohammed Colin, directeur associé de Saphir Media, qui édite le mensuel gratuit Salamnews.
M’Hammed Henniche, secrétaire général de l’UAM 93 (Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis) le confirme : «le débat sur l’islam est très mal perçu. Les musulmans le ressentent comme une fixation sur eux. Une stigmatisation de trop. Une forme de harcèlement».
«Les musulmans se sentent cloués au pilori et savent qu’ils vont servir de chair à canon électorale», confirme Mohammed Colin. Estimant que la société civile musulmane doit se saisir de cette question, il travaille à l’organisation, en septembre, des premières Assises de l’islam de France.
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