Ségolène Royal et Martine Aubry : vers une "cohabitation douce" ?
Il est encore trop tôt pour parler d’une grande réconciliation. Mais ce qui semblait impossible il y a encore quelques semaines l’est enfin aujourd’hui : Martine Aubry et Ségolène Royal se parlent. Et même mieux, elles se voient… A l’heure où le PS s’apprête à adopter son nouveau modèle de développement « économique, social et écologique », aujourd’hui, à l’occasion d’une convention réunie en Seine-Saint-Denis, les deux femmes fortes du PS ont signé la « paix des braves ».
Certes, Royal séchera (une nouvelle fois) la convention, un exercice interne qu’elle n’a jamais goûté. En signe de bonne volonté, elle a toutefois transmis en milieu de semaine une contribution écrite de huit pages, intitulée « Pour une croissance verte et la social-écologie », son dada.
L’ex-candidate a eu l’occasion d’en parler directement à Aubry. Après de longs mois d’hostilité, les deux rivales du congrès de Reims, en novembre 2008, ont
pris l’habitude de se téléphoner et de se rencontrer à intervalles réguliers. « En tête à tête ou en comité très restreint, et une fois par mois environ », confie un proche de la
première secrétaire. Ce fut le cas le mois dernier, juste avant un conseil national (le Parlement du parti).
Mercredi dernier, Aubry s’est une nouvelle fois déplacée au QG parisien de Royal (qui n’a pas remis les pieds au siège du PS, rue de Solferino, depuis le congrès
de Reims), boulevard Raspail, pour un entretien d’environ une heure, en toute discrétion. Au menu des discussions : le débat sur les retraites, le non-cumul des mandats… « Ségolène présente ses
projets, Martine parle du parti, elles échangent sur l’actualité », confient les entourages.
Des deux côtés, on banalise. « C’est le boulot de la première secrétaire de voir tout le monde », explique le député Jean-Christophe Cambadélis.
« Les relations se sont normalisées », poursuit Guillaume Garot, lieutenant de Royal. Chacune a désormais besoin de l’autre. « Martine fait du Raymond Domenech : on gagne
ensemble ou on perd ensemble. Elle cherche à intégrer d’une manière ou d’une autre Royal dans le collectif », décrypte un membre de la direction socialiste. Si la présidente de
Poitou-Charentes est désormais distancée dans les sondages, elle garde un capital de sympathie et un impact médiatique qui la rendent incontournable. Inutile, donc, de chercher à l’humilier.
Elle se concentre pour l’instant sur sa région et sur le débat d’idées au sein de son association Désirs d’avenir, ainsi que sur l’international. Mi-juin, Royal est attendue à une réunion de
l’Internationale socialiste (ou elle représente le PS) aux Nations unies, à New York.
Cette « cohabitation douce » reste malgré tout bien fragile. L’ex-candidate surveille de près la rénovation du parti, et notamment le dossier des primaires pour désigner le candidat en 2012, un horizon auquel elle n’a pas renoncé. Elle exige donc « une transparence totale » et « la publicité en temps réel des résultats via Internet ». « Elle ne participera pas à un processus tordu », prévient Dominique Bertinotti, une fidèle.
Source : Le Parisien.