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Blog de la section PS Anzin

«Si rien n’est fait, c’est la fin de la médecine de ville»

27 Mars 2010 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Information

«Si rien n’est fait, c’est la fin de la médecine de ville»

Le congrès de MG-France, le plus important syndicat de médecins généralistes, se tient ce week-end à Lille. A cette occasion, son président, le Dr Claude Leicher, décrit les blocages actuels entre la profession et le ministère de la Santé.

Recueilli par ERIC FAVEREAU

Un médecin généraliste remplit une feuille de soin pour un patient.

Un médecin généraliste remplit une feuille de soin pour un patient. (© AFP Marc Le Chelard)

Ce week-end se tient à Lille le congrès de MG-France, le plus important syndicat de médecins généralistes. Le mois dernier, MG-France avait lancé une journée de grève, «pour sonner l’alarme devant la disparition annoncée de la médecine générale». Une nouvelle journée d’action est prévue le 8 avril.

Le Dr Claude Leicher, médecin généraliste près de Valence, dans la Drôme, a été élu il y a à peine deux mois à la tête de MG-France. Il décrit les blocages actuels.

Le président de la République vient de dire qu’il allait s’occuper de la médecine libérale.

Ce sont des actes que l’on veut… Mais y a-t-il à ce point urgence? On dit que c’est la guerre ouverte entre les médecins généralistes et la ministre de la Santé… Nous sommes républicains, ce n’est pas la guerre. D’autant qu’avec le temps on a le sentiment que la ministre prend conscience que notre système de santé ne peut survivre que si le médecin généraliste en est le socle. Pour autant, il ne se passe rien. Ou alors des déclarations, rarement suivies d’effets.

Il y a eu quand même des textes législatifs…

Oui, la loi «Hôpital patients santé territoire» (HPST). On nous avait affirmé que la médecine générale serait considérée comme une spécialité à part entière, avec des nominations de professeurs dans les facultés de médecine. Il y en a, mais au compte goutte. On nous avait promis que la consultation du médecin généraliste serait considérée comme une consultation de spécialiste. On l’attend toujours. Les discussions avec l’Assurance maladie sont en panne. Bref, c’est toujours la même distance entre les mots et la réalité. Or, la situation est dramatique. Sur 100 médecins formés, moins de 10% vont s’installer en libéral. Si rien n’est fait, c’est la fin de la médecine de ville.

La loi HPST prévoyait également des mesures incitatives pour que des jeunes médecins s’installent dans des lieux où le désert médical prévaut.

Oui, cela a été voté. Mais on attend toujours ces mesures. Tout est ainsi. Autre exemple: il avait été prévu un forfait annuel par patient pour les médecins traitants. Finalement, ce forfait n’existe que pour les patients en ALD, affection de longue durée, soit 5%. Cela suffit les discours, on veut des actes. On veut que les pouvoirs publics s’engagent sur le modèle économique où ils veulent que l’on travaille.Nous, médecins généralistes, avons vu nos revenus diminué de 25% en 30 ans. On nous a demandé de diminuer le nombre de visites médicales à domicile: elles ont baissé de moitié. Rien en contre partie. Ou alors de mots : on nous répète que l’on est le socle du système de santé, mais on nous laisse dépérir. C’est pour cela qu’à nouveau, le 8 avril, nous fermerons de nouveau nos cabinets.

Mais il n’y a pas d’argent…

Si vous mettez le prix de la consultation à 23 euros, comme pour un médecin spécialiste, cela coûtera à la collectivité 250 millions d’euros. On nous dit que c’est trop, mais en même temps l’inflation des actes techniques coûte beaucoup plus cher à la collectivité. Et regardez tout l’argent, perdu dans la gestion de la grippe A…


Est ce que l’épisode de la grippe où les pouvoirs publics n’ont pas intégré la médecine de ville dans le dispositif de vaccination a laissé des traces?

Oui, des traces terribles. Il y a une fracture profonde, et peut-être définitive. Tout a été fait à l’envers pour arriver à cette situation ubuesque. Au même moment , le parlement vote la loi HPST où le médecin généraliste est proclamé au centre du système, et parallèlement on l’exclut du dispositif. Cette crise a été très grave. Et on va mettre, je le crains des années, à combler cette fracture.

Mais que pouvez vous faire?

On va forcer la porte. Il n’y a que le rapport de forces qui peut contraindre les pouvoirs publics à tenir leur parole. Nous n’avons rien contre la ministre, mais la médecine générale ne peut plus se contenter de belles paroles, voire de promesses qui restent jamais appliqués.

Liberation.fr
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