RSA : Hirsh bluffe, les médias valident
« RSA: un effet favorable sur l'emploi », c’est ainsi que le journal d’Etienne Mougeotte salue la publication du rapport final sur l’évaluation du RSA le 22 mai dernier. Que Le Figaro relaie la propagande gouvernementale, c’est une chose. Mais à faire un tour rapide de la presse nationale, on se rend rapidement compte que Libération en fait de même, « Le RSA devrait faire baisser la pauvreté », ainsi que Le Monde , légèrement moins emballé certes, « Le RSA aurait un léger effet positif sur le retour à l'emploi ». Mais que se passe-t-il donc dans ces rédactions pour qu’elles se refusent à tirer les constats de l'expérimentation du RSA sur le retour à l’emploi, pourtant très loin d'être unanimes ?
Autre constat du rapport, perçu comme positif par le gouvernement et les médias : l’effet du RSA au-delà du douzième mois... L'explication est simple, le dispositif RSA est sans limitation de durée, contrairement au RMI. Autrement dit, le dispositif RSA pérennise une subvention à durée indéterminée de l'emploi à temps partiel ou de l'enchaînement d'emplois précaires. Un peu paradoxal pour une mesure censée lutter contre la pauvreté. D’ailleurs, le rapport souligne : « Pour sortir de la précarité, les bénéficiaires aspirent donc à trouver un emploi durable et à temps plein (…). Ils espèrent ainsi sortir de l’incertitude et de l’irrégularité des ressources. ». La mesure RSA produit tout le contraire. Elle permet d'assister un peu plus des patrons qui pourront désormais se servir de ce dispositif comme un instrument supplémentaire de flexibilité sur les salaires de leurs employés. Des employés qui ne sauront par conséquent jamais vraiment de combien sera le complément de salaire...
Le gouvernement s’enorgueillit d’une hausse de 9%, en moyenne sur une année, des retours à l’emploi, un chiffre bien évidemment repris par tous les médias . Mais que représente exactement
cette hausse de 9% ? C’est tout bonnement la progression du taux de retour à l’emploi de 3,1% à 3,38%... + 0,28%, soit 9% d’augmentation ! En clair, avec le RMI, on avait des
chances quasiment nulles de retrouver un emploi (3,1%), et bien, avec le RSA (3,38%), c’est pareil ! En l’occurrence, c’est ce constat sans appel qui permet au journaliste du
Monde de dire « Martin Hirsh peut donc pousser un soupir de soulagement. » Très franchement, on ne voit vraiment pas ce qui
pourrait bien le soulager… si ce n’est lire les pages politiques du Monde.
Cédric Omet - Marianne | Lundi 25 Mai 2009