La proposition de loi sur la légalisation partielle de l'euthanasie présentée par le député socialiste Manuel Valls devait dépasser les clivages politiques. Les quatre groupes de l'Assemblée nationale avaient en effet donné la liberté de vote à chacun de leurs membres sur ce texte. Malgré l'inexistence de consignes officielles, l'UMP a demandé une première fois, jeudi dernier, le report du texte du socialiste, faute d'un nombre de parlementaires suffisant dans l'hémicycle. L'UMP n'aura pas été convaincue: l'Assemblée a finalement rejeté mardi, en début de soirée, le texte par 326 voix contre 202.
Les membres de la majorité et du Modem ont fait barrage à une proposition de loi qui remet en cause la loi du 22 avril 2005 sur l'euthanasie, portée par l'UMP Jean Leonetti. Seul le groupe socialiste, radical et citoyen (SRC) a voté majoritairement pour. Le texte, qui doit maintenant être examiné au Sénat, dispose que "toute personne majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée et qu'elle juge insupportable, peut demander à bénéficier, dans les conditions strictes" prévues dans le code de la santé publique, "d'une assistance médicalisée pour mourir dans la dignité". Autrement dit, la légalisation de l'euthanasie dans certaines conditions.
Une mesure que combat Jean Leonetti, le spécialiste de la question dans les rangs de la majorité. "La proposition de loi [de Manuel Valls] conduit
à un changement problématique de repères dans notre société", a-t-il ainsi affirmé. Face à cette charge, des figures du PS ont soutenu le député-maire socialiste d'Evry. "Ce texte place la personne humaine au centre de toute décision", a déclaré Laurent Fabius (PS), affirmant que cette
proposition de loi proposait "davantage de fraternité", "davantage d'égalité", et "davantage de liberté". Jeudi dernier, la ministre de la Santé
Roselyne Bachelot a décidé d'utiliser une procédure contraignante consistant à "geler" tous les votes sur les articles et amendements sur le texte. Le débat, qui voulait bannir les
clivages de partis, s'est ainsi politisé en quelques jours… aboutissant à un vote pour ou contre "l'euthanasie selon le PS".