Une grosse dégringolade. Après une rentrée politique marquée par l’instauration de la très contestée taxe carbone, les bourdes de communication de certains ministres (le geste obscène d’Eric Besson à une caméra, le dérapage de Brice Hortefeux au sujet des Arabes), le lapsus du président dans l’affaire Clearstream (il a parlé de coupables au lieu de prévenus) ou encore la polémique autour de Frédéric Mitterrand, Nicolas Sarkozy et François Fillon perdent tous les deux six points dans notre baromètre mensuel CSA.
« C’est un mois de septembre déboussolant pour la majorité »
Fait inquiétant pour eux, c’est dans l’électorat traditionnel de la droite que la chute est la plus spectaculaire. Le noyau dur est touché même si on est encore loin des records
d’impopularité atteints à certains moments de leurs mandats par Jacques Chirac ou François Mitterrand.
« Avec 41 % de satisfaits, on revient aux niveaux de confiance relevés au printemps dernier mais la structure n’est pas comparable, analyse Jean-Daniel Lévy, directeur du département
Politique-Opinion de CSA. La baisse s’avère en effet particulièrement élevée dans les catégories de population dites sœur de cible du président : les personnes âgées, les classes supérieures
ou encore les sympathisants de droite. » Dans le détail, alors que la cote de confiance du chef de l’Etat reste relativement stable chez les ouvriers ou en légère baisse chez les employés,
elle dégringole nettement parmi les catégories plus aisées de la population (- 11 points, soit 33 % chez les cadres). Elle chute même de 16 points chez les 65 ans et plus.
«Le climat général n’est pas bon, constate Jean-Daniel Lévy. C’est un mois de septembre déboussolant pour la majorité. Alors que les Français ont plutôt été convaincus par la prestation
télévisée présidentielle du 23 septembre, en direct de New York, la traduction dans les cotes de confiance du couple exécutif ne s’est pas manifestée. » Et d’ajouter : « Si l’alarme n’est pas
tirée, l’alerte est claire. Les évolutions traduisent une déstabilisation du peuple de droite. Cette population est prompte à mobiliser un certain nombre de valeurs qui apparaissent
aujourd’hui écornées. Pour redresser la barre, il faudrait une plus grande lisibilité, une pratique politique plus sereine. »
Les proches du chef de l’Etat s’attendaient à cette érosion. La crise économique n’est pas terminée et les plans sociaux rythment encore l’actualité. « Tout le monde baisse, y compris Barack
Obama aux Etats-Unis, constate-t-on à l’Elysée, comme pour se rassurer. Il faudra pourtant continuer les réformes, ouvrir très prochainement le chantier des retraites. Les gens ne veulent pas
que nous restions les bras ballants. » Mais à l’UMP, on s’inquiète. Et on redoute déjà un revers électoral lors des prochaines régionales de 2010.