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Blog de la section PS Anzin

Taxe Tobin : le PS croit à un «coup de bluff» de Sarkozy

9 Janvier 2012 , Rédigé par José Pressoir Publié dans #Finances

Taxe Tobin : le PS croit à un «coup de bluff» de Sarkozy

Favorables au principe d'une taxe sur les transactions financières, les socialistes sont perplexes sur son efficacité si seule la France la met en œuvre et doutent des intentions de Nicolas Sarkozy.

Par LAURE EQUY

Nicolas Sarkozy à Berlin le 9 janvier. (Fabrizio Bensch. Reuters)

Faut-il soutenir un projet de taxe sur les transactions financières, que la gauche défend depuis des années via des propositions de loi et amendements déposés au Parlement – et toujours rejetées au final –, même si la France est seule à la mettre sur pied? Prudence chez les socialistes, perplexes sur l’efficacité d’une telle taxe sans accord européen et critiques sur un «coup de bluff» ou une «gesticulation» de Nicolas Sarkozy, à trois mois et demi de la présidentielle.

Tandis que Nicolas Sarkozy doit s’entretenir, ce lundi à Berlin, sur le sujet avec Angela Merkel, prise de court par l’annonce du président français décidé à ne pas attendre «que tous les autres soient d’accord» pour la mettre en œuvre, les socialistes sont partagés entre le principe de la taxe, qu’ils approuvent, et le pari du cavalier seul, à haut risque. Une hésitation résumée ainsi par Ségolène Royal sur France 2: «Si son coup de bluff réussit, tant mieux. Si sa détermination - au moins en paroles - arrive à entraîner les autres pays européens pour faire ensemble la taxe Tobin, c’est bon.» Mais elle ajoute dans la foulée: «C’est impossible à faire tout seul, puisque la finance est mondialisée.»

Tout en l’interprétant comme un «ralliement» à une proposition prônée de longue date par les écologistes, la candidate EE-LV, Eva Joly, préfère s’enthousiasmer, convaincue que d’autres pays ne tarderont pas à suivre. Et le député (PS) Arnaud Montebourg se dit déjà prêt, personnellement, à voter cette taxe si un texte de loi est examiné par le Parlement avant la fin de la session en février: «Je prends Sarkozy au mot.»

«Sarkozy n’a pas l’intention de l’appliquer seul»

Le député-maire (UMP) de Nice, Christian Estrosi, surfe sur le pari tenté par le chef de l’Etat pour appeler la gauche à soutenir le projet de taxe au-delà de tout «antisarkozysme primaire» mais la plupart des responsables socialistes attendent, avant de se prononcer, des précisions sur le contour de la taxe, le calendrier et d’éventuelles avancées dans les négociations avec les autres pays de l’UE. Pour Julien Dray, «le problème n’est pas d’être pour ou contre» mais de «savoir si elle sera, dans ses modalités, une véritable taxe sur les transactions financières et quelle sera son ampleur».

Echaudé par le fait que Sarkozy ait «changé d’avis» pour finalement pousser à l’instauration de la taxe sur les échanges financiers «en fin de parcours présidentiel», le député de l’Essonne veut rester «prudent». Chargé de la communication de François Hollande, Manuel Valls se souvient, à son tour, qu’une taxe type «taxe Tobin» a jusqu’alors été «combattue par Nicolas Sarkozy». Le 21 novembre, le Sénat à majorité de gauche avait, rappelle Valls sur Canal+, fait voter une taxe sur les transactions financières, contre l’avis du gouvernement. Le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, avait alors jugé que la France «ne [pouvait] légiférer seule» car ce serait «contreproductif» et cela «nuirait à la place financière de Paris». Selon Valls, «ce type d’initiative n’a de sens, et c’est ce que nous avons proposé, que si l’Allemagne et la France portent cette position».

Plaidant aussi pour des «alliances européennes», le directeur de campagne du candidat PS, Pierre Moscovici, invité de l’émission Radio France politique, croit savoir que «Nicolas Sarkozy n’a pas l’intention d’appliquer seul [la taxe]. Il voudrait faire voter un principe, sans taux (...) ce seront des promesses pour demain qui n’engagent pas leur auteur.» Egalement favorable à ce qu’ «un minimum de pays européens, notamment la France et l’Allemagne», avancent de concert, Harlem Désir, n°2 du PS, doute de la «crédibilité» de Nicolas Sarkozy pour pousser le dossier auprès de ses partenaires européens. Sur Europe 1 ce matin, l’eurodéputé y voyait donc une mission pour son candidat, s’il est élu en mai: «c’est François Hollande qui, demain, permettra (...) que [la taxe] devienne une réalité et pas simplement un effet d’annonce d’une campagne présidentielle».

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